Philosophie du logement semi-collectif

Cette histoire est authentique. Une jeune femme est affairée, elle marche dans la rue, légèrement vêtue, ce qui est normal vu la chaleur. Un jeune homme n'a rien à faire, il est debout, légèrement vêtu, ce qui est normal vu que c'est un homme. Jugeant impudique la jeune femme, il lui lance méchamment : «A cause de toi, demain il va y avoir un séisme.» C'était il y a trois jours et avant-hier, donc le lendemain, il y a bien eu un petit séisme à Alger. Si les gens normaux savent qu'il n'y a aucun rapport entre la façon de s'habiller sur terre et le jeu des failles sous terre, on ne sait pas ce qu'en a pensé la jeune femme le jour du séisme. Est-ce elle qui a généré un tremblement de terre par le choix de ses vêtements ou n'est-ce qu'une coïncidence ' Quel que soit le cas, beaucoup pensent que ce qui se fait en Algérie concerne toute l'Algérie.Comme liés par des forces surnaturelles, les Algériens et surtout les Algériennes ne peuvent pas faire ce qu'ils veulent sans déclencher des réactions qui vont toucher tout le monde. Tous unis par le même destin et surveillés collectivement et individuellement par les seigneurs de l'univers qui font payer à tout le monde le comportement d'une seule personne. Pour autant, l'Algérie n'est pas réellement collectiviste, preuve en est l'inégalité des richesses ou la différence entre le traitement réservé à un anonyme et à un puissant. Mais elle n'est pas non plus individualiste, les libertés collectives et individuelles n'étant assumées ni par le régime ni par le segment conservateur de la société.Dans ce subtil entre-deux, au lieu de laisser le champ à l'urbanisation sauvage, forêts d'immeubles sans âme juxtaposant des bâtisses individuelles coûteuses et sans goût, les autorités devraient penser à construire, à l'image des Algériens, des logements semi-collectifs partout. Vivre avec des voisins, mais si possible assez loin d'eux.