Algérie

Philippe de fontaine-Vive, vice-président de la Banque européenne d?investissement (BEI)



« Il faut créer des marchés pour aider les investissements »  Vous vous considérez militant du projet de l?Union Méditerranéenne qui, pour tout dire, n?a pas encore pris forme ?  Je vois ce projet, d?abord, comme une occasion exceptionnelle de remettre la Méditerranée en haut des priorités de l?Europe. C?est en cela qu?il est déjà important. Ensuite, au lieu d?avoir l?Europe qui dicte les priorités et montre ce qu?il faut faire, alors qu?on n?est pas dans cette logique, il s?agit d?une ?uvre de concertation et il ne faut pas se demander où est ce document qui dit tout.  Quel est votre sentiment sur la perception des pays du Sud sur ce sujet ? On pense quand même que ce nouveau projet cher à Sarkozy vient dupliquer les autres initiatives européennes comme le processus de Barcelone, la politique européenne de Voisinage dont le succès n?est finalement pas au rendez-vous.  L?Europe fait beaucoup mais elle fait trop dans des cercles initiés, de spécialistes et de professionnels. Mais cela ne suffit pas. Il ne faut pas que ce soit un projet européen accepté par les Méditerranéens mais, à l?inverse, un projet de l?ensemble des Méditerranéens accepté par les Européens. C?est pour cela qu?il faut cette phase d?écoute qui permet de se dire que l?eau , c?est peut-être important : il est évident que , par exemple, l?eau qui se rejette en Méditerranée, qu?elle vienne d?Alger ou de Marseille elle contribue de la même manière à la pollution de la mer qui nous est en commun. C?est normal qu?on mette les mêmes normes de rejet de l?eau dans cette mer. Cela coûte cher si l?on prend des normes de type européen. Comment concrètement on écrit cela, qu?elles sont les aides qu?on met en place pour le faire, est-ce que le gouvernement algérien souhaite adopter les mêmes règles... ?  Si nous sollicitions maintenant le banquier que vous êtes, comment est-ce que vous considérez le marché des pays de la rive Sud ?  D?abord, il faut dire qu?il n?y a pas un marché des pays la rive sud, il y a un marché par pays. C?est un drame pour chacun des pays parce qu?il y a des talents nombreux qui sont dans des marchés trop petits. On gagnerait à ce qu?il y ait à l?avenir un marché des pays de la rive sud. J?ai accompagné, par exemple, une entreprise de leasing tunisienne qui a créé une filiale à Alger. J?ai proposé à d?autres banquiers de la région - le gouverneur de la Banque centrale d?Algérie le sait- de venir les aider à développer une filiale en Algérie. Et réciproquement. On a aidé également un cimentier égyptien à venir s?installer en Algérie.  Du côté de ces pays justement, il y a une grande déception par rapport à ce qui s?est fait dans la cadre du processus de Barcelone : le flux des IDE n?a pas suivi celui des discours qui ont pourtant irrigué les nombreuses rencontres entre les partenaires des deux rives.  L?investissement ne suit pas les discours, il va là où il y a des marchés, là où on peut travailler de façon profitable. Et quand j?entends Renault annoncer un milliard d?euros d?investissements au Maroc, c?est bien que Renault y trouve son intérêt. Il ne fait pas cela pour faire plaisir à un discours politique. Il faut créer les marchés de façon à ce qu?on puisse aider les investissements à se réaliser.  Y a-t-il une politique de la BEI en direction de ces pays ?  La politique est simplement de mettre à la disposition de chacun des pays méditerranéens tous les talents que nous avons en Europe. Autrement dit, traiter chacun de ces pays comme s?il était un pays actionnaire de la BEI dans ses activités avec des assistances techniques, des capitaux, des bureaux?  Quel est votre commentaire sur la parité euro-dollar ?  Nous avons une politique complètement différente à la BEI. Comme on est là pour aider à prêter au meilleur coût, on ne prend jamais aucun risque de changes.  Avez-vous justement pensé à de nouveaux mécanismes devant accompagner ce projet de l?Union méditerranéenne ?  Si les Etats européens et méditerranéens voulaient que nous mettions en place une institution financière dédiée à la Méditerranée, c?est à eux d?en décider. Qu?est-ce que cela permettrait ? Cela va permettre de recruter des Algériens, des Marocains, des Tunisiens, ce que nous ne pouvons pas faire juridiquement aujourd?hui. Donc cela va nous permettre de partager les compétences. Ensuite, cela permettrait statutairement d?être capable de prêter long, plus long que les banques commerciales sans risque de changes. Enfin, de développer toutes la gammes des produits dont nous disposons en Europe.


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