Algérie

Phénomène du suicide



Phénomène du suicide
Suite à l'article paru dans votre quotidien des 22 et 23/5/2012 traitant du phénomène du suicide entre le sensationnel et la réalité du docteur Boudarène Mahmoud, je viens par ce biais saluer tout d'abord toute l'équipe de Liberté et le psychiatre que je viens de citer pour ses analyses que je respecte et que j'approuve à juste titre, surtout que ce sujet ne cesse de faire la une des journaux. Mais ce qui n'a pas été cité jusqu'à présent et chaque fois qu'un ou des décès suspects sont enregistrés, c'est le fait de les qualifier de suicides et bons à inhumer. En ces temps de crimes et de violence sous toutes leurs formes, des attaques à main armée aux assassinats et meurtres camouflés en suffocation, submersion, incendie, pendaison et tous les moyens possibles de brouiller les pistes et de faire croire au suicide, cela doit attirer l'attention des autorités judiciaires et des fonctionnaires de police pour se pencher sur ce phénomène et donner les véritables suites en déterminant les circonstances et le mobile de chaque cas de disparition.
'Un crime n'est jamais parfait.' à partir de là, ce qu'on préconise, c'est surtout le concours de la médecine légale dont on ne parle plus. Oui, cette branche qui est un moyen d'investigation très efficace, mais qui malheureusement n'est pas très développée chez nous, reste en retard, alors que la criminalité a pris de l'ampleur. Un bon nombre de ces drames mystérieux aurait pu être élucidé si l'état avait su développer ce créneau dans les instituts de médecine et des sciences et avait accéléré les refontes de notre système judiciaire pour permettre aux spécialistes d'exercer leur métier en toute confidentialité. Ne dramatisons pas les choses, les véritables suicides, quoi qu'ils existent, restent en nombre limité à une frange de la population. Le mal est ailleurs que dans les crises politiques ou économiques. à la fin du XVIIIe siècle, l'époque de la vraie pauvreté, le chômage et les inégalités sociales, jamais tant de cas de suicide n'ont été enregistrés, et c'est à cette époque-là, même quand les moyens faisaient défaut, que la police scientifique et la médecine légale ont commencé à inventer et à appliquer des méthodes fascinantes pour exclure l'éventualité du suicide au cours des enquêtes qu'ils menaient avec amour et abnégation, là où le procureur, le policier et le médecin légiste se réunissaient sur les lieux du drame. C'était au temps du Dr George Burgess Magrath qui disait à ses collaborateurs : 'Si la justice te cite comme témoin, n'oublie pas de rester homme de science. Tu n'as pas à venger une victime, ni à sauver un innocent, ni à anéantir un coupable. Ton devoir est d'apporter des preuves conformes à ton savoir et à tes connaissances scientifiques.'
Oui, un état de droit et fort a besoin d'experts en criminologie et de spécialistes en balistique, de chimistes, de microbiologistes, de pathologistes et des efforts de tous ceux qui peuvent apporter un plus aux enquêtes durant les différents stades, allant du constat et des interrogatoires jusqu'à l'autopsie, car aujourd'hui il suffit d'une tache de sang, d'un grain de poussière, d'une bactérie même pour épauler la justice qui désignera le coupable et rendra justice pour que les morts, entre autres les soi-disant suicidés, reposent en paix. à défaut de lutter contre la criminalité et la mise en place d'un système de psychothérapie ancré dans tous les établissements publics (écoles, lycées et universités et pourquoi pas à partir de la cellule familiale où ça reste un tabou), les pouvoirs publics, qui croient et tiennent à la thèse du suicide pour les cas signalés ces derniers temps, feraient mieux de penser à promulguer une fetwa qui tolèrerait les méthodes pour procurer une mort sans souffrance et décréterait l'euthanasie comme mode de mettre fin à sa vie.
Hélas, l'Algérien, qui est non seulement croyant et contre ces procédés, a aussi la fureur de vivre, résistant et plein d'espoir, ne choisira jamais de mettre fin à ses jours de façon aussi stupide. Je tiens à cette occasion à rendre hommage au défunt Pr Ridouh qui a laissé un grand vide parmi la corporation de la psychiatrie.
Ahmed BEHLOUL




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