Le FLN a fait la Révolutioncontre la France, il ne peut la faire avec lui-même contre lui-même. Mis à partl'épisode Benflis, où il s'agissait plus d'une purge que d'une révolte, et l'épisode90 où il s'agissait d'un dysfonctionnement plutôt que d'une crise, il est restéun appareil très électrique. Parfois connecté au Pouvoir, parfois non.Aujourd'hui donné comme lemeilleur cheval de course pour atteindre les meilleurs scores, il a été soumisà la tentation d'un coup d'Etat mais n'a abouti qu'au spectacle d'une émeutemineure. La fronde de ses nouveaux redresseurs, qui ont voulu décapiter son SGBelkhadem et qui ont misé sur une conjonction entre des ex-majors du parti etla foule des exclus des listes et des mouhafadas, n'a pas abouti à la fin. Leprogramme entamé avec un appel au sit-in le 8 novembre dernier n'a pas faitfoule et s'est contenté de quelque 200 personnes pour signaler un feu de boisvite éteint. Le reste du menu, annoncé comme un effet dominos sur le reste deskasmas du pays, est resté un voeu d'émeutiers.Les raisons ? Elles sontnombreuses: d'abord le FLN n'est pas un parti mais un appareil. On peut ledéstabiliser en lui coupant l'alimentation, pas en agitant ses militants.Ensuite, il s'agit d'un appareil qui ne dépend pas de ses militants mais dontles militants dépendent de lui pour être visibles, être candidats, être élus ouêtre sur la liste. Enfin, l'appareil est utile comme il est et pas comme ildoit être: un vaste mouvement rentier très stabilisateur et dont la soliditéprocède de la direction qu'on lui indique et pas de la direction qui le dirige.Belkhadem l'a bien résumédernièrement: seul Bouteflika a le pouvoir, le devoir et le droit d'en déciderle début, la fin ou la continuation. On peut réunir tous les militants sur uneassiette de la balance et mettre son SG du moment sur l'autre, c'est le SG dumoment qui pèsera le plus car il s'agit d'un appareil désigné et pas d'uneformation élue. Les « exclus », qui devaient constituer la troupe de ladernière jacquerie du parti, sont d'abord desservis par le caractèreopportuniste de leur fronde et restent, ensuite, des gens qui ont faim et quisont sensibles à leur avenir plutôt qu'à l'avenir du parti.A bien considérer ce que peutrapporter un coup d'Etat et ce que peut garantir une neutralité momentanée pourne pas griller toutes ses chances d'être retenus pour les autres datesélectorales, le calcul est vite fait. Du coup, la dernière révolte en date nepouvait finir autrement que comme un repas tiède et être le signal à peineimportant d'un malaise profond mais non décisif. Né d'une guerre et vécu commeune distribution de rôles par la suite, le FLN n'a jamais dépendu de sesmilitants mais du scénario qu'on lui désigne selon des calculs évidents. Toutmouvement en son sein est vite interprété et expliqué comme un complot, unemanoeuvre ou un tapage inutile. Le Front, ayant ce don suprême d'assimilermêmes ses couacs, de « manger » ses opposants en mission de spectacle et detransformer en signe de vitalité ses désordres intestinaux. Les derniersredresseurs en date pour ces dernières élections ont pu, pour certains, être debonne foi ou convaincus de leurs actes, ils ne peuvent échapper au schémagénéral et à l'évidence insurmontable qu'ils font eux-mêmes partie du jeu.Partie du parti.
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Posté Le : 17/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Daoud
Source : www.lequotidien-oran.com