Alger - EGPFC : Etablissement de gestion des pompes funèbres et cimetières Wilaya d'Alger

Peut-on exhausser le vœu post mortem d'Abdelmalek Sellal ? Les cimetières saturent.



Peut-on exhausser le vœu post mortem d'Abdelmalek Sellal ? Les cimetières saturent.
Visiblement, le premier ministre n’aime pas les cimetières algériens. Il n’est pas à sa première sortie sur le sujet car si l’on croit les indiscrétions recueillies par une journaliste d’El Watan dans sa livraison du 12 juin 2015, le premier ministre a vécu une expérience traumatisante pour enterrer sa cousine. Il attendait dans un cimetière géré par une APC pendant que le cercueil arrive dans un autre.

Le problème a été porté au niveau d’un conseil ministériel qui devait décider enfin d’entreprendre douze projets de cimetières lancés à Hammamet, Ouled Fayet, Baraki, Boudjamaâ Temmin à Draria, Douéra, Zéralda, Bordj El Bahri, Tessala El Merdja, Aïn Benian, Aïn Taya et Rouiba. Cette fois-ci lors de son regroupement avec les 48 walis, il s’est exprimé dans son état "enfant" pour dénoncer la dégradation de ces lieux de repos éternel par dire : "Ne m’enterrez pas ici, jetez-moi à la mer." Eric Berne, le père fondateur de la théorie de l’analyse transactionnelle, avait identifié et qualifié l’état "enfant" par sa spontanéité, donc le premier ministre en s’exprimant de la sorte étalait une vérité qui ne sortait pas de sa tête mais de son cœur. Cet état de fait ne déroge nullement à l’adage qui dit que la vérité sort de la bouche des enfants. Il oublie cependant qu’il était en train de faire un constat d’échec car ce problème relève de la responsabilité de son gouvernement. Non seulement, il n’y a pas de stratégie perspective pour les générations futures car nous poursuivons la destruction des énergies fossiles pour ne rien leur laisser mais il n’y en a pas non plus une autre rétrospective pour laisser nos morts reposer en paix. Il a fallu une occasion d’enterrement selon les propres mots d’un ancien ministre pour qu’il constate qu’on se bouscule sur leurs corps.

Sachant pertinemment que le rite musulman interdit de jeter les corps des morts dans la mer, on ne pourra exhausser ses vœux qu’outre mer. Mais là, c’est une autre paire de manches et un risque de créer un précédent comme cela a été le cas pour les soins médicaux. Les hôpitaux sont dans un tel état piteux qu’ils sont boudés par de nombreux responsables pour se faire soigner à l’étranger aux frais du contribuable qui en souffre le martyre. Est-ce une occasion pour s’arrêter sur un succinct diagnostic sur la situation des cimetières en Algérie ? Pourquoi pas dire quelques mots sur ce qui se passe chez nos voisins d’outre mer ?

1- Problématique mortalité/natalité en Algérie

Au lendemain de l’indépendance, le taux de mortalité pourrait se résumer à 20% sur 1000 habitants. Donc on perd chaque année 200 habitants sur 1000. L’évolution de la santé publique l’a ramené à 160 habitants pour 1000 la décennie d’après, 100 pour 1000 en 1982 ensuite 60 en 1992. Depuis, il n’a bougé que très peu pour se stabiliser à 50 pour 1000 jusqu’en, (selon les prévisions), 2017. De l’autre côté, le taux de natalité s’établissait à 50 pour 1000 à l’indépendance pour rester en continuelle régression jusqu’en 2002 puis il a reprit son ascension pour s’attendre à près de 24 pour 1000 en 2017. En 2015, l’Algérie comptait exceptionnellement près de 900 000 naissances. Ces nouveaux venus, sont des consommateurs et des demandeurs potentiels d’assiette foncière sans compter les projets propres des pouvoirs publics, notamment en infrastructures de santé, d’éducation, universitaire, nonobstant les zones réservées pour l’industrie. Les collectivités locales donnent des terrains à tout bout de champ pour satisfaire une population en inflation, des besoins pour la paix sociale et qui construisent partout même aux alentours immédiats des cimetières. Ces champs de repos qui étaient situés à l’indépendance à quelques kilomètres de la cité sont devenus dans certaines villes au centre grâce à un développement effréné des constructions urbanisées ou illicites qui ne permettent aucunement leur extension éventuelle. Dieu merci, les tombes construites en Algérie sont de coutume carrée mais pas comme en Egypte sous forme de petits gites sinon elles auraient été occupées par les citoyens comme c’est le cas dans ce pays. Quelles sont donc les conséquences ?

2- La situation des cimetières en Algérie

Il faut peut-être constater la vitesse avec laquelle on enterre le commun des Algériens de nos jours, nonobstant les cérémonies pour les responsables qui jouissent parfois des carrés privilégiés même dans des cimetières ordinaires. Cet empressement de quitter ce lieu ne donne aucune envie de méditer par sa vétusté et surtout sa désorganisation, pourtant c’est là où on finit tous. En dépit d’un organisme chargé de la gestion EGPFC (Etablissement de Gestion des Pompes Funèbres et des cimetières), ces champs de repos se présentent comme un dépotoir où on entasse les corps l’un à côté de l’autre sans laisser le moindre mètre pour la circulation. Des tombes par milliers, qui ne sont d'ailleurs pas alignées dans la même direction comme le veut la tradition, vers la Qibla. Des joggers qui font leur sport quotidien, des enfants qui circulent à vélo ou un père qui apprend à sa fille à conduire une voiture. En plus du gardien, parfois plusieurs personnes vivent dans des bidonvilles mitoyens aux cimetières sans se soucier des morts qu’habituellement rappellent la mort qui fait peur. Certains cimetières offrent actuellement un décor désolant. Des tombes sont dégradées, les ordures envahissent les espaces et les mendiants squattent les lieux. Ces endroits sont-ils réellement des lieux de recueillement ? Le manque de travailleurs a engendré la présence de bénévoles qui semblent, cependant, indifférents à la décadence. Leur unique souci, bricoler en contrepartie d’une somme d’argent. Plus grave encore, des mendiants accompagnés de leurs enfants harcèlent les gens. Dès qu’une famille se présente au cimetière, ils se dirigent vers elle pour demander l’aumône avec insistance. Ils sont là, chaque vendredi, à l’entrée du cimetière assis qu’à côté des tombes. De la sorte, rien ne leur échappe. Ils ont transformé le cimetière en un véritable espace de mendicité et de lamentation. Pratiquement, la majorité des cimetières sont saturés en Algérie. De nombreux citoyens sont obligés d’enterrer leurs morts à l’extérieur des lieux ou demander l’autorisation d’ouvrir une tombe d’un proche.

3- Comment cela se passe chez nos voisins d’outre mer

La religion musulmane est actuellement la deuxième religion de France avec près de cinq millions de fidèles. Normalement, en pays musulman, les défunts sont inhumés dans les vingt-quatre heures suivant le décès, dans un linceul et en pleine terre. En raison de la législation française, les funérailles dans ce pays se passent différemment. C’est notamment la raison pour laquelle de nombreux musulmans se font rapatrier dans leur pays d’origine à leur mort. On estime que 80 % des musulmans décédés en France sont rapatriés dans leurs pays d’origine pour être enterrés dans un cimetière musulman comme c’est la règle dans l’Islam. Mais aujourd’hui, les jeunes issus de l’immigration veulent enterrer leurs parents dans le pays où ils ont pris racine alors ils doivent payer ce "Ch’ber" dont parle Sellal très cher.




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