Algérie

Peurs et menaces sur nos villes



Dans son dernier rapport sur le suivi de la situation économique de l'Algérie, la Banque mondiale a consacré tout un chapitre aux enjeux liés à la gestion des risques de catastrophe naturelle dans notre pays. Sériant les graves risques naturels qui guettent l'Algérie, le document interpelle, alerte, effraie quand on connaît les conséquences de ces risques. Tout le territoire algérien est exposé à un large éventail de risques climatiques et géologiques, inondations, tremblements de terre, sécheresse, incendies de forêt, érosion côtière et des sols, etc. Le document de la BM note que la situation est encore plus compliquée dans les grands cen-tres urbains qui affichent une croissance démographique rapide et concentrent une part importante de l'activité économique. À bien lire le rapport, on comprend qu'il y a une forte probabilité d'une catastrophe aux graves conséquences sur les zones urbaines. 86% de la population vivant dans les villes et la population urbaine devrait doubler d'ici 2030. Neuf Algériens sur dix, lit-on dans le rapport, vivent dans les régions côtières du Nord, qui ne représentent que 12,6% du territoire national. Cette situation a entraîné la prolifération et la marginalisation de bidonvilles et de logements de fortune, ainsi que la congestion des transports, la pollution et la vulnérabilité aux risques majeurs. C'est bien évidemment la capitale, Alger, qui est particulièrement vulnérable aux risques climatiques, en particulier les tremblements de terre et les inondations en raison de sa forte densité de population, de son taux d'urbanisation élevé et sa séismicité très élevée. À tout moment, Alger peut être dévastée par un séisme violent, elle est exposée aux tsunamis, aux inondations, à l'érosion côtière, aux glissements de terrain et aux pénuries d'eau. Le rapport décline des chiffres qui donnent froid dan le dos: la BM estime que 53% des zones les plus densément peuplées d'Alger risquaient d'être inondées. En termes d'infrastructures essentielles,42% des grands axes routiers, 19% des écoles, 21% des hôpitaux et 41% des casernes de pompiers de la capitale sont situés dans des zones exposées à des risques d'inondation. De même, les bidonvilles et la Casbah sont les plus vulnérables à l'activité sismique.Dans un récapitulatif historique, le rapport révèle que durant les 60 dernières années, les inondations ont représenté 60% des événements catastrophiques en Algérie, impactant plus de 800 000 personnes sur l'ensemble du territoire, et représentant plus de 1,5 milliard de dollars de pertes économiques. Selon les estimations, le nombre de tempêtes exceptionnelles frappant l'Algérie pourrait croître d'environ 41%, générant des inondations, des glissements de terrain et des dégâts importants. Aux inondations s'ajoute le risque séismique. Le nord de l'Algérie est sujet à de forts épisodes de tremblements de terre. Le même rapport avertît que plus de 99% des zones boisées d'Algérie sont confrontées à un risque d'incendie. Il en veut pour preuve la courbe croissante du nombre de départs de feu depuis 2010. Quant aux pertes annuelles, elles sont estimées entre 15 et 19 millions de dollars. Jamais trois sans quatre, après les inondations, les séismes et les feux de forets arrive le temps, des sécheresses. L'Algérie est également exposée à de nombreux autres risques climatiques. Les périodes récurrentes de sécheresse intense qui ont commencé en 1977 constituent une menace pour les ressources hydriques déjà rares du pays. L'érosion des sols, dont on ne parle que rarement, est une vraie catastrophe: selon le rapport de la BM, au moins 13 millions d'hectares qui sont affectés du territoire national, qui perd ainsi chaque année près de 400 000 ha. L'érosion côtière entraîne des coûts directs à hauteur de313 millions USD par an. Que dire encore de la désertification qui menace plus de 17 millions d'hectares dans les zones de steppes.Cependant, tout n'est pas sombre dans l'étude de la BM. Le document relève, en effet, que l'Algérie dispose d'un cadre juridique moderne de gestion des risques de catastrophe (GRC). «Un cadre clair de prise de décision en matière d'intervention d'urgence, et reconnaît l'importance de protéger les infrastructures stratégiques et les secteurs essentiels», explique le rapport ajoutant que de sérieux efforts de réduction des risques ont été menés, surtout dans la gestion des interventions d'urgence et la reconstruction, au détriment de la prévention.


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