Algérie

Peur sur la ville



La ville d'Azazga enregistre depuis plusieurs semaines des actes d'agression en tous genres, ciblant notamment les propriétaires de véhicules. Les cambriolages de commerces et d'appartements refont leur apparition, alimentant régulièrement la chronique locale. Cette importante ville située à 40 km à l'est de Tizi Ouzou est devenue l'une des agglomérations les moins sûres de la wilaya. L'aggravation du climat d'insécurité accable la population qui s'inquiète du manque de réaction des services de sécurité. La peur s'installe durablement et le chef-lieu de daïra est totalement fermé dès la fin de la journée, alors que Azazga était réputée pour être l'une des villes les plus animées de jour comme de nuit. Ces derniers jours, un citoyen a été enlevé à bord de son véhicule à la sortie sud de la ville, avant d'être abandonné sur la route, 20 km plus loin, tandis que deux locaux commerciaux ont été cambriolés. Les agresseurs, venant du milieu de la drogue et de l'alcool, écument la ville dans la journée et opèrent à la périphérie du chef-lieu à la tombée de la nuit. Ils donnent l'impression d'évoluer dans une totale impunité, puisque les cas d'agression s'enchaînent au fil des jours et des semaines sans que les nouveaux réseaux de banditisme soient démantelés. L'anarchie apparue ces dernières années, affectant la circulation, le commerce et le fonctionnement de certains services publics, dégénère pour prendre la forme de prédation et de banditisme. Face à cette évolution dangereuse, les citoyens n'ont pas remarqué une adaptation des moyens de lutte de la part des autorités en charge de la sécurité. Si la police a réussi à imposer le port de la ceinture de sécurité et l'interdiction du téléphone au volant, elle n'a pas montré un dynamisme particulier et déterminé dans la recherche des malfaiteurs. Ces derniers ont pourtant dépassé toutes les lignes jaunes. Un paisible citoyen qui venait d'accomplir la prière d'El Icha, a dû se battre, il y a quelques jours, près de la mosquée de la ville pour empêcher deux assaillants de s'emparer de son véhicule. Aller en voiture à la mosquée est devenu une action à haut risque. Une dame, habitant la cité de Tizi Bouchène, a trouvé son appartement fouillé de fond en comble, alors qu'elle s'était absentée moins d'une heure, le temps de faire son marché. Des bijoux et des appareils électroniques ont été emportés. Les locataires de cette cité située à la périphérie de la ville vivent dans une inquiétude continuelle. Ils savent que leurs appartements ne sont pas suffisamment blindés pour empêcher l'accès aux nouveaux gangs qui opèrent en plein jour. « Ils font sauter les serrures très facilement. Ils se sont bien équipés », témoigne-t-on. Les patrouilles de police se font rares dans les quartiers périphériques. Même au centre-ville, les délinquants ont quartier libre dès les premières heures de la nuit. Deux locaux commerciaux, sis au centre-ville, au milieu d'immeubles d'habitation, ont été fracassés et moyennement dévalisés sans qu'il y ait alerte ou appréhension des voleurs. L'on cite, par ailleurs, le cas d'un citoyen qui est entré dans une banque, laissant sa femme et son enfant dans le véhicule. A l'affût, un énergumène s'est engouffré dans la voiture, qu'il croyait vide de ses occupants, et a tenté de démarrer mais a fini par prendre la fuite sous les coups hargneux de la dame assise sur la banquette arrière. Des barrages mixtes, police-ANP, ont fait leur apparition ces derniers jours à la sortie de la ville, sur la route menant vers Bouzguène. Mais le caractère statique de ce dispositif ne représente pas une menace aiguë pour la nébuleuse du banditisme qui évolue pour l'heure dans la tranquillité. Si les transporteurs clandestins et les marchands de sable ne roulent plus sur la route nationale, avec le retour des barrages, les apprentis gangsters ont établi de véritables bases de repli à l'abri des investigations. Les recherches pour remonter la filière du gangstérisme s'orienteraient vers les débits de boissons, viviers potentiels des délinquants. L'explosion de l'alcoolisme, qui touche de plus en plus de jeunes, devenus les habitués des bars ouverts en quantité dans le chef-lieu, serait à l'origine de la dérive des jeunes dés'uvrés qui commettent leurs forfaits dans un état semi-comateux. Pour rappel, les auteurs de l'incendie du siège d'un parti politique à la veille des dernières élections locales, une affaire à laquelle l'on avait donné une dimension politique majeure, venaient tout simplement de sortir d'une beuverie et avaient eu une altercation avec des colleurs d'affiche, avant de se diriger vers le local du parti.


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