Algérie

Peuple sourd, Etat muet



La situation n?est pas rose, pas même rose foncé. Oran, la deuxième ville du pays, vient de connaître à son tour une émeute, la plus grosse depuis octobre 1988. On peut bien sûr relativiser, ne pas céder à la panique ou à la joie, c?est selon, ne pas chanter la révolution enfin arrivée ou mettre le doigt sur ces jeunes insolents qui se croient tout permis, même de casser leur ville parce que leur club a perdu un match de football. Mais en tout état de cause, cette situation d?une extrême tension, où la moindre goutte peut faire déborder un baril de pétrole trop plein, devrait appeler à des mises au point. Car tant que les émeutes touchaient de petits villages inconnus, on pouvait se dire qu?il n?y avait rien à dire. Mais là, des émeutes partout, même à Oran, des guerres ethniques, des coups d?Etat religieux, du terrorisme, des phrases anticonstitutionnelles émanant du chef du gouvernement et des affaires de corruption récompensées par des postes de wali devraient faire parler. Etrangement, le président de la République reste silencieux, absent, muet, comme non concerné par la situation, lui qui ne s?est pas adressé à son peuple depuis très longtemps. Même le général de la junte birmane, au lendemain d?un mouvement de protestation, aurait fait une déclaration, pour accuser l?impérialisme et l?Amérique ou pour récuser les casseurs, qui se permettent d?incendier une ville à cause d?un ballon qui n?a pas tourné rond. Un seul a parlé, c?est le ministre de l?Intérieur, qui était là pour autre chose et à qui on a par hasard posé la question. Pour toute réponse, il a avoué ne pas comprendre. Pourquoi les Algériens sont violents, alors que pour régler pacifiquement leurs problèmes, ils peuvent demander une audience au wali, lui dont les jours de réception sont de deux jours par an. Il ne comprend pas. Là, c?est sûrement toute l?Algérie qui ne comprend plus.


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