Algérie

Peuple et culture



Peuple et culture
Tout peuple, toute civilisation, a sa propre culture, ses repères et ses référents qui sont défendus et protégés jalousement d'abord pour préserver son identité et marquer sa différence par rapport aux autres, ensuite pour développer cette culture, la diffuser et la faire connaître à travers ses ?uvres, ses réalisations, ses créations et ses productions. Notre Algérie, avec toute l'étendue de son immense territoire, est un grand livre ouvert pour qui sait bien regarder et interpréter ce que nos ancêtres nous ont légué comme héritages. Ce patrimoine culturel incommensurable, qu'il soit matériel ou immatériel, constitue non pas une culture, mais des cultures qui se côtoient ou se superposent.Mais que nous reste-t-il de tout cela ' Peu de choses, presque rien. Notre culture a été emportée par le tourbillon de l'oubli et n'a plus droit de cité. Elle n'a plus cours. Ses défenseurs sont taxés de rétrogrades et d'arriérés, de gens accrochés à des traditions révolues qui sont dépassées et qui ne peuvent côtoyer la modernité et profiter de tous ses «bienfaits». Mais quels bienfaits ' Cette culture fast-food, cette culture de style télégraphique, la dénégation de son identité, de son appartenance culturelle, pour embrasser d'autres cultures, s'y fondre et s'y dissoudre, ce syncrétisme hybride inclassable.Ce pays deux fois millénaires a pourtant enfanté de grands hommes, d'illustres personnages qui ont marqué l'Histoire universelle, Massinissa, Micipsa, Jugurtha, Juba I, Juba II, Takfarinas, Saint Augustin, Maxime le Grammairien, Bouamama, l'Emir Abdelkader, Larbi Ben M'Hidi, Mostefa Benboulaïd, Amirouche, Hassiba Ben Bouali, Djamila Bouhired mais aussi des Kateb Yacine, Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, Mouloud Mammeri, Tahar Ouettar, Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni et nous en oublions et des meilleurs.Tous ces grands, ces illustres, personnages interpellent cette Algérie qui les a relégués au second plan, ne se rappelant d'eux qu'à l'occasion de quelques commémorations intéressées pour, ensuite, les (ré)enfouir encore plus dans les plis d'une mémoire qu'on a voulu amnésique.Sur ce territoire, bien des vestiges sont encore debout, l'antique Hippone avec ses ruines qui s'étalent à l'entrée d'Annaba, la citadelle hafside, la vieille ville, le Fortin, les ruines de Madaure avec son théâtre et son université, Tubursicum Numidarum, le mausolée du Khroub, les gravures rupestres du Tassili... la Casbah d'Alger, Souika, les ksour des villes du Sud... Mais, à l'exception despersonnes qui sont directement attachées et concernées par la sauvegarde de ce patrimoine, cela n'intéresse presque plus personne et ces vestiges qui témoignent des temps glorieux de ce pays sont abandonnés, même quand ils sont restaurés, remis à neuf et pouvant être exploités, économiquement et scientifiquement. Leurs cris aphones ne portent pas plus loin que les bureaux chargés des vestiges archéologiques, car on ne veut pas entendre et encore moins voir.Notre culture se sclérose, s'étiole et se meurt. Et si rien n'est fait, elle disparaîtra, dissoute dans cette grande soupe culturelle de la mondialisation. Et notre identité disparaîtra avec elle, car un peuple sans culture est un peuple sans Histoire, sans nom, c'est une agrégation d'individus sans substrat civilisationnel commun.M. R.




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