Algérie

Peu importe mon nom…



C'est l'histoire d'un homme qui, déjà dans le ventre de sa mère, rêvassait déjà d'un destin qui le mènerait à s'asseoir sur le crâne «éviscéré» des autres.Les autres. Tous les autres. C'est ainsi qu'il décida d'entrer pieds et mains liés dans le marigot des hommes-caïmans. C'est ainsi qu'il adressa au peuple des petites gens, un dazibao (dé)crypté qu'il placarda de nuit, sur tous les murs décrépis du douar.
Au soleil levant, voici, à deux voyelles et une consonne près, son contenu cabalistique. « Moi, peu importe mon nom, soixante ans moins un poil, parce que je ne connais de la politique que l'art inachevé de vendre de l'eau à une baleine, j'ai décidé, dans un accès patriotique à l'envers, de vous faire recouvrer votre vie flouée, votre destin confisqué, vos espoirs abusés, vos ambitions castrées. Ma parole d'honneur, ma théorie programmatique est la meilleure de toutes les logorrhées discursives; tous les postillons cathodiques; les sacoches en dessous de table, les mallettes sous les manteaux, les cabas au-dessus des dos. Ma conception de la gestion de la chose publique n'est pas humaine, quasi prophétique.
Un peu comme le sourire jaune d'un fauve affamé face à un gnou effarouché. J'avais trois ans quand le pays s'est redressé, révolutionnairement parlant. Et même si le soleil de la liberté est la plus belle des Lumières, doutez-vous bien qu'il n'a pas toujours fait beau dans ma caboche. A la mort du ‘moustachu, j'ai vidé les larmes de mon corps, sans comprendre pourquoi les raisons de mon deuil. Vint, ensuite, l'ère bénite du gruyère et de la banane bon marché. Et l'époque ‘désopilante' de «l'homme qu'il faut à la place qu'il faut». J'avais presque vingt ans. L'âge où je compris enfin que le pays avait urgemment besoin d'hommes pour ne pas retomber la tête en arrière dans la longue nuit de l'exploitation de l'homme par celui qui monte sur son dos.
Du berger qui se gausse du khammès. Du péquenot qui ne veut pas manger dans la main d'un sous-prolétaire.
A l'arrivée de la tragédie nationale, ma tête se pollua d'idées trop noires. Je voulus quitter le pays pour ne pas voir mon frère mourir sous mes yeux exorbités. Je fis, alors, une prière pour les martyrs de mon pays et le soleil se remit à briller de nouveau sur mon sol natal.
Vint ensuite une autre ère où le peuple se mit à prendre son maire pour… sa mère, son P-DG pour son père naturel, son syndicat pour son protège-pain, son wali pour un marabout vivant, son député pour sa soupe populaire, son ministre pour son faux père Noël …
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