En dépit de la panoplie de facteurs favorables à un partenariat d'exception dont dispose l'Algérie (proximité géographique, liens historiques et culturels ancestraux, maîtrise de la langue française par une large frange de la population algérienne, diversité et abondance des richesses naturelles, large disponibilité de ressources financières, etc.), les entreprises françaises hésitent à investir dans notre pays.
Cinquante années après l'indépendance de l'Algérie, les relations économiques que la France entretient avec son ex-colonie sont toujours imprégnées d'arrière-pensées néocoloniales basées sur le principe suivant : l'Algérie doit se confiner dans un strict rôle de pourvoyeur de produits d'hydrocarbures, dont les recettes générées doivent en grande partie revenir à la France sous forme de dépenses d'importation.
L'argent dépensé par la France pour acheter nos hydrocarbures est ainsi repris par l'Hexagone à la faveur d'exportations massives de marchandises et services. La balance commerciale est rarement favorable à notre pays et pour ne pas déroger à la règle, la France aurait affiché, selon les estimations des services des Douanes, un excédent de 1,3 milliard d'euros à la fin de l'année 2011. Alors qu'elle n'avait dépensé que 4,4 milliards d'euros pour acquérir essentiellement des hydrocarbures et leurs dérivés, les entreprises françaises ont, par contre, exporté vers l'Algérie un très large éventail de produits industriels et agricoles, ainsi qu'une multitude d'équipements et services, représentant pas moins de 5,7 milliards d'euros au total.
Les exportateurs français semblent se complaire dans cette situation et font peu d'efforts pour promouvoir seuls, ou en partenariat avec des Algériens, des investissements en Algérie. Le nombre d'entreprises françaises ayant fait le choix de s'installer dans notre pays n'excède guère 350. Les hommes d'affaires français semblent même bouder l'Algérie en favorisant ouvertement la Tunisie et le Maroc en y créant respectivement, 1250 et 500 sociétés de diverses activités.
Les exportations françaises en direction de ces deux pays sont de ce fait plus faibles, soit 3,4 milliards d'euros pour le Maroc et 3,2 milliards pour la Tunisie. Interrogés à l'occasion des diverses manifestations économiques auxquelles ils ont pris part en Algérie (Foire internationale d'Alger, Batimatec, etc.), les entrepreneurs français expliquent, mais sans trop convaincre, leur peu d'engouement pour investir en Algérie par le mauvais climat des affaires et l'instabilité juridique qui y prévalent. Â
Ce sont certes des raisons importantes auxquelles les autorités algériennes doivent énergiquement remédier pour attirer les investisseurs, mais elles n'expliquent pas à elles seules la ténacité de leurs réticences. Avant que le code des investissements ne soit modifié, en 2006, et que la loi de finances complémentaire de 2009 n'assombrisse le climat des affaires, l'Algérie offrait d'inestimables avantages comparatifs et compétitifs aux entreprises étrangères, mais cela n'a pas, pour autant, contribué à attirer les sociétés françaises sur notre territoire. Rien de comparable à la réaction des entreprises chinoises qui ont saisi l'occasion pour s'installer en grand nombre. On dénombre aujourd'hui plus de 600 sociétés chinoises en Algérie.
Quand on connaît le formidable potentiel économique dont dispose l'Algérie et les liens affectifs qu'entretiennent les populations des deux pays, on ne peut que se poser la question de savoir si ce n'est pas le poids du passé colonial, exacerbé par certains lobbies malveillants, qui crée cet effet repoussoir envers l'Algérie que la France ne conçoit que comme un fournisseur d'énergie et un débouché commercial pour ses produits manufacturés.Â
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Posté Le : 22/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nordine Grim
Source : www.elwatan.com