Algérie

Peu de communication, beaucoup de spéculation



Le manque d'eau enregistré dans la capitale depuis quelques jours a fini par pousser les citoyens à investir la rue. Des citoyens de la région Est ont recouru avant-hier, en début de soirée, à la fermeture de la route pour protester contre le manque du précieux liquide. Leur action a provoqué des escarmouches avec les forces de l'ordre durant toute la nuit, selon des sources locales.Face à cette colère citoyenne, signe d'un malaise, aucune autorité ne semble avoir daigné prendre langue avec les protestataires au moment où beaucoup attendaient une réaction, particulièrement de ceux en charge du dossier. Aucune information n'a été livrée pour lever le voile sur les raisons de cette situation et encore moins sur les solutions attendues.
Faute de communication et d'explications, les citoyens se retrouvent livrés à la rumeur et autres fake-news qui ne font, le plus souvent, que nourrir les appréhensions quant à la capacité des autorités à trouver des solutions durables. Outre cette soif que dénoncent les citoyens, le manque d'informations sur le sujet, le black-out observé autour de la question alimentent les inquiétudes et suscitent la colère.
Depuis quelque temps, la communication officielle est devenue l'apanage des ministères. Il est ainsi interdit à toute direction et autre institution sous tutelle d'émettre la moindre information sur un sujet quelconque sans l'aval préalable de la tutelle. L'objectif étant visiblement d'éviter des cafouillages à répétition et des déclarations contradictoires entre responsables.
Il reste que la concentration de tout le pouvoir de communiquer entre les mains d'une seule personne pose un vrai problème de gestion, mais aussi de responsabilité. Quel rôle donc pour les multiples chargés de communication dans les différentes institutions s'ils ne sont pas habilités à informer le citoyen ' Il est admis que la communication, depuis longtemps, est le talon d'Achille des pouvoirs publics, mais le silence observé face à la colère citoyenne pour de multiples raisons n'est probablement pas la solution appropriée.
C'est précisément cette absence de communication qui pousse, généralement, le citoyen à des actions parfois extrêmes pour se faire entendre. Coupures de routes, manifestations publiques, émeutes, voire, parfois, des immolations pour espérer attirer l'attention des responsables. Mais indépendamment de la décision des autorités d'"empêcher" les institutions à communiquer sur des sujets qui relèvent de leur compétence, il reste que ce sont ces mêmes institutions qu'elles mettent devant le fait accompli lorsqu'il s'agit de faire face à la colère de la rue.
Comme les élus locaux qui sont dépourvus de prérogatives, certaines institutions de l'Etat semblent être entre le marteau d'une population exigeante et l'enclume d'une tutelle, elle aussi, difficile. Il va sans dire qu'avec l'accumulation des problèmes et une communication qui fait défaut, c'est la paix sociale qui risque d'en pâtir.
Le black-out observé sur "la gestion" des coupures d'eau dans certaines villes du pays, notamment la capitale, pose la lancinante question du droit des citoyens à l'information, surtout lorsqu'elle les concerne directement. Nos tentatives de nous rapprocher de certaines institutions chargées du secteur de l'eau pour avoir des informations sur la situation hydrique n'ont pas abouti. Certains chargés de communication nous ont expliqué qu'ils ne sont pas "autorisés" à parler.

Mohamed Mouloudj
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