Le communiqué publié dimanche à la fin des travaux de la conférence de Djeddah recommande une meilleure transparence et une plus grande régulation des marchés financiers pour parvenir à stabiliser le marché du pétrole. Aucune intention d'augmenter dans l'immédiat la production n'a été signifiée dans le document. La conférence a cependant estimé «nécessaire» d'accroître les investissements pour augmenter les capacités de production et de raffinage, selon ce texte publié sous l'égide de l'Arabie Saoudite, organisatrice de la conférence, de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), du Forum international de l'énergie (IEF) et de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Le communiqué souligne que «la transparence et la régulation des marchés financiers doivent être améliorées par des mesures visant à recueillir plus de données sur les activités des fonds indiciels et pour examiner les interactions entre les marchés du pétrole brut». «Les participants ont convenu que la situation requiert des efforts concertés de toutes les parties, pays producteurs et consommateurs, de l'industrie pétrolière et des autres acteurs concernés afin de garantir la stabilité du marché international du pétrole pour le bénéfice de tous», poursuit le communiqué.
La réunion de Djeddah, qui a regroupé pays producteurs et pays consommateurs autour de la thématique de l'analyse des causes de la hausse des cours de l'or noir, a rassemblé plusieurs ministres du Pétrole, des experts, des représentants de groupes pétroliers et notamment le Premier ministre britannique Gordon Brown. L'actuel locataire du 10, Downing Street est présent à ce forum pour notamment plaider la cause des pays consommateurs et «jouer de son influence» auprès des monarchies du Golfe pour une hausse de l'offre de brut OPEP sur les marchés. Gordon Brown a ainsi appelé les participants à la réunion de Djeddah à trouver un nouvel accord qui permettra d'assurer la stabilité des prix des marchés pétroliers et de stopper la hausse des prix du brut. Pour lui, ce forum constitue «une importante opportunité pour faire face aux défis futurs de l'énergie», plaidant pour «des solutions durables dans le cadre d'un échange de profits entre producteurs et consommateurs».
Dans le camp OPEP, le ton est plutôt au calme. Ali Rodriguez, nouveau ministre des Finances du Venezuela, qui fut aussi président de l'OPEP et ministre de l'Energie, a pour sa part estimé que les cours pétroliers risquaient de grimper encore, confirmant les propos de M. Khelil. «Ils pourraient baisser mais je pense plutôt que les prix vont continuer à monter en raison des facteurs qui expliquent la hausse actuelle des cours», a précisé Ali Rodriguez dans une interview à la télévision vénézuélienne. Selon lui, «il ne s'agit pas d'un problème de déséquilibre entre l'offre et la demande. L'approvisionnement est suffisant, comme l'OPEP l'a dit avec insistance», a-t-il ajouté. «Le problème est dû à d'autres facteurs, dont celui du raffinage, notamment aux Etats-Unis. Nous avons souvent dit qu'il y avait un déficit de la capacité de raffinage.»
Avant le début de la réunion de Djeddah, le patron de Royal Dutch Shell avait déjà estimé que les cours ne devraient pas baisser significativement dans l'immédiat. «Ce que j'ai entendu jusqu'ici, c'est surtout de bonnes idées, mais cela ne changera probablement rien aux cours demain matin», avait déclaré Jeroen van der Veer. C'est en fait cet aspect de la question de la maîtrise des cours sur les marchés qu'avait développé l'actuel président en exercice de l'OPEP. M. Chakib Khelil a mis en évidence, de son côté, l'importance du rôle des grands consommateurs de brut dans la stabilité du marché. Il a appelé les consommateurs à davantage de «transparence concernant les informations et données relatives à leurs stocks et à l'allégement des taxes sur les produits pétroliers importés».
M. Khelil a déjà souligné que le niveau haussier des prix du brut ne dépendait pas des fondamentaux du marché, avec une offre abondante, mais plutôt des manoeuvres spéculatives sur des marchés financiers survoltés, à la recherche de gros profits et où les produits dérivés sont devenus le nouveau sport des traders et des grands fonds d'investissements. Plusieurs autres facteurs structurels comme les tensions géopolitiques (crise du nucléaire iranien) qui font craindre des menaces pour le transport du brut et la hausse des frets maritimes, la baisse des stocks raffinés, etc. Il y a également le fait que si les pays consommateurs focalisent le débat sur l'offre OPEP qui doit être revue à la hausse pour décrisper les prix, la vérité est que les pays OPEP n'assurent que 40% seulement de l'offre mondiale, et donc, selon le président de l'organisation, l'OPEP «ne détient pas à elle seule une solution au problème des prix». Il a, dans ce sens, appelé les pays consommateurs à mettre la main à la poche pour améliorer leurs capacités de raffinage, ce qui devrait détendre les prix à la pompe. Il a, par ailleurs, estimé «souveraine» la décision de Ryadh d'augmenter son quota de production à 200.000 b/j, tout en démentant l'intention de l'OPEP d'augmenter sa production avant la réunion (ministérielle) de septembre prochain à Vienne. Sur la question d'une OPEP du gaz, son président en exercice, le ministre algérien de l'Energie, a rappelé que «ce n'est pas à l'ordre du jour», laissant entendre que ce dossier sera examiné lors de la réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) en octobre prochain à Moscou. La réunion de Djeddah, clôturée par un document sur le marché mondial du pétrole, est, rappelons-le, une rencontre informelle regroupant les grands groupes pétroliers, les pays producteurs et les agences et organisations internationales de l'énergie, dont l'AIEA et l'AIE.
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Posté Le : 23/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Babès
Source : www.lequotidien-oran.com