Tripoli tient coûte que coûte à conserver
le statut d'interlocuteur pour les fournitures de pétrole, dans la guerre de
front qui se dessine.
Le patron de la NOC, Chokri Ghanem, tente
de convaincre les clients de la Libye que son pétrole reviendra très vite sur
le marché. Londres et New York ne l'écoutent plus. D'autant que les avions de
la coalition sont entrés en action. Et que l'Arabie Saoudite est prête à
combler le trou des approvisionnements libyens.
Les attaques aériennes que mènent, depuis
samedi dernier, la coalition internationale contre les positions militaires du
régime Kadhafi en Libye n'étaient pas sans conséquences sur les marchés
pétroliers. Elles ont fait augmenter les cours du brut dans des proportions
épaisses, «inquiétantes», s'alarment des observateurs. Lundi, le baril de Brent
était coté à 116,07 dollars, en hausse de 2,14 dollars. Il s'git là d'un
«retour» à quatre dollars du record atteint, au début de l'insurrection en
Libye, qui a commencé à la mi-février. Le plafond de la mi-février est bien
menacé d'être durablement «crevé» par la hausse des cours si des installations
pétrolières libyennes venaient à être endommagées, ce qui a été partiellement
le cas il y'a quinze jours lors de la bataille pour la reprise du terminal de
Ras Lanuf par l'armée régulière de Kadhafi. Mais, pour l'instant, les Libyens-ceux
restés dans le giron du régime- se montrent imperturbables, se disant même
disposés à reprendre les livraisons pétrolières, la production. Une assurance
pompeuse, insensée ? Le patron de la NOC,Chokri Ghanem, la compagnie pétrolière
libyenne - une entité publique dont le régime en place a fait une propriété
privative – a multiplié les déclarations pour convaincre de la capacité de la
Libye à respecter«tous ses engagements» de fournisseur d'énergie.
Le patron de la NOC a invité les
compagnies pétrolières étrangères – généralement opératrices sur les gisements
– à honorer de leurs côtés leurs engagements contractuels. Chokri Ghanem a
même, dans sa tentative de faire paraître Tripoli toujours comme un acteur dans
la donne pétrolière du pays, soutenu qu' «un grand nombre d'experts et
travailleurs libyens dans le secteur pétrolier ont commencé leur retour sur les
lieux de production». Ses déclarations ne semblent cependant pas avoir produit
un retour d'écoute favorable dans le carré des compagnies pétrolières
étrangères. Pas même dans celui des entreprises appartenant à des pays arables
membres de l'Opep. Sonatrach pour rappel, a retiré ses équipes du périmètre
qu'elle développait en partenariat avec la NOC dans le bassin de Ghadames.
Les pairs arabes comblent le trou
Chokri Ghanem, par ailleurs secrétaire
général de l'Opep, ne peut que constater la «disponibilité» de ses pairs arabes
dans l'organisation basée à Vienne, à combler le trou laissé par la disparition
des exportations libyennes. Cette compensation, s'est effectuée mécaniquement
depuis trois semaines. L'OPEP ne compte pas, elle, se réunir, ces jours-ci,
estimant qu'il n'y a pas de rasions de le faire. Son chef de file, l'Arabie
Saoudite, tente de rassurer les pays consommateurs : Ryadh est prête «à rouvrir
davantage les vannes, si cela est nécessaire, déclarait Ali Nouaimi, son
ministre de Pétrole. Le Koweït se dit également d'accord pour mettre plus de
pétrole sur les marchés, si la conjoncture le demandait.
Chokri Ghanem a reconnu précédemment que
la production de pétrole brut a chuté de 1,7 million de barils/jour à moins de
400 mille barils/jour après le retrait des experts et travailleurs étrangers et
libyens des suites de la détérioration de la situation sécuritaire ces
dernières semaines. Ce premier «choc» libyen a provoqué un pic de prix à la
mi-février qui s'est s'effiloché avec les annonces saoudiennes sur sa
«compensation» de la production perdue pour le marché. A l'annonce de la
résolution onusienne autorisant l'usage de la force contre le régime Kadhafi,
les cours du pétrole caracolaient autour de cent dollars, un niveau raisonnable
et dont s'accommodent pays producteurs et pays consommateurs, au soulagement
des ménages des grands centres de consommation. Ceux-ci se plaignaient de l'augmentation
spectaculaire des prix à la pompe enregistrée au début de la crise libyenne.
L'entrée en action de l'aviation des coalisés a, tendu à nouveau le marché
pétrolier depuis samedi. Peut-être cette fois pour une durée plus longue. Les
prêches de Chokri Ghanem sur le retour imminent du pétrole libyen paraissent
dans ce contexte d'un pathétique affligeant.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 22/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Raoufnasri
Source : www.lequotidien-oran.com