Le marché pétrolier continue de subir le diktat des spéculateurs, qui ont tiré à la hausse les cours vendredi en clôture. Les experts pétroliers sont aujourd'hui unanimes pour affirmer que ce sont les spéculateurs qui font «la loi» sur le marché. Au point que vendredi dernier ce sont les intervenants sur un marché dominé par la chute du billet vert face à l'euro qui ont arrondi leurs bénéfices. Le léger de référence aux Etats-Unis a clôturé vendredi à 127 dollars, porté à la hausse par les manoeuvres spéculatives de fonds d'investissements qui ont tenu à profiter d'un nouvel accès de faiblesse du dollar face à la devise européenne pour se prémunir contre un retour inflationniste. Et, à ce rythme, les cours de l'or noir pourraient monter dans la limite des 150 dollars le baril, voire plus si le billet vert reste aussi faible face à l'euro. D'autant que selon le président en exercice de l'OPEP, le ministre algérien de l'Energie, M. Chakib Khelil, les «prix ne reflètent pas les conditions du marché mais sont dus à d'autres facteurs liés à la spéculation des intervenants du marché, ainsi que la crise des subprimes et la dépréciation du dollar». Le président de l'OPEP est affirmatif: les cours se sont emballés du fait de l'intense spéculation sur ce marché très lucratif et qui rapporte d'importants dividendes aux fonds d'investissements et les placements sur ce segment particulier des marchés des matières premières. En outre, M. Chakib Khelil, pour confirmer cet intérêt soudain au pétrole, a souligné en marge de la visite du ministre français de l'Energie et de l'Ecologie, M. Borloo, à Alger, que la manne pétrolière est devenue tellement rémunératrice que les Etats-Unis se sont mis à rouvrir d'anciens puits fermés, car leur exploitation n'était pas rentable. Mais, à 130 dollars/baril, ces puits à faibles réserves redeviennent aujourd'hui très rentables. Pour autant, l'OPEP n'est pas décidée à ouvrir les vannes de la production, selon M. Khelil qui a confirmé que l'organisation ne cèdera pas aux pressions des pays non producteurs pour qu'il y ait plus de brut sur le marché. Un bras de fer entre l'OPEP et les pays industrialisés que le président de l'organisation voudrait éviter, car non productif. L'OPEP, qui détient seulement 40% de la production mondiale, «ne prendra aucune nouvelle décision sur sa production avant sa réunion de septembre» à Vienne (Autriche), a-t-il déclaré. Mieux, le ministre algérien a souligné qu'il s'attend à une légère baisse de la demande mondiale par rapport à l'année précédente. D'autant qu'une augmentation de la production de pétrole n'aura aucune incidence sur le marché, car le niveau des stocks actuellement est jugé suffisant pour répondre à la demande mondiale. Mieux, au sein de l'OPEP, on estime que «l'organisation n'a pas besoin d'augmenter sa production dans l'immédiat, car le marché est équilibré». Selon M. Khelil, la hausse des prix pétroliers ne bénéficie pas directement aux pays producteurs, mais plutôt aux spéculations sur un marché pétrolier largement dominé par les grands groupes pétroliers occidentaux qui, eux en revanche, sont les principaux bénéficiaires d'une situation de rente permanente sur ce marché où les manoeuvres politiques ne sont pas très loin de stratégies pétrolières mises en place par les principaux pays industrialisés. M. Khelil comme tous les experts pétroliers de l'OPEP l'avaient répété avant lui, a rappelé à plusieurs reprises ces deux dernières semaines: pourquoi augmenter l'offre pour alimenter les spéculations sur un marché déjà saturé, au moment où les effets de la crise touchent de plein fouet les pays qui ne peuvent se payer un baril à plus de 100 dollars. Et sont plongés dans une crise énergétique permanente.
Posté Le : 02/06/2006
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Babès
Source : www.lequotidien-oran.com