Algérie

Pétrole : Fin en queue de poisson du congrès de Madrid



Le 19ème congrès mondial du pétrole s'est achevé, jeudi, en queue de poisson, les pays consommateurs et ceux producteurs n'ayant pas trouvé une voie de compromis pour entamer une nouvelle ère de partenariat. Les positions des deux parties sont restées franchement antagoniques, car autant les pays producteurs veulent défendre leurs intérêts, autant les pays consommateurs veulent acculer les producteurs dans leurs derniers retranchements. Les deux parties, réunies à Madrid lors du 19è congrès mondial du pétrole, se sont quittées, jeudi, sur des positions divergentes quant aux causes de la hausse des cours du brut.

Les pays OPEP ont une nouvelle fois réaffirmé que la hausse des cours du brut était le résultat des spéculations sur les marchés financiers. Le ministre algérien de l'Energie et des mines, et président en exercice de l'OPEP, M. Chakib Khelil, avait affirmé au début des débats que l'organisation déploie «d'énormes efforts» pour augmenter sa capacité de production, en apportant 57% de l'offre durant ces sept dernières années, et que sa production représentera 52% de la demande mondiale à l'horizon 2010, contre 40% actuellement. Pour augmenter la production de pétrole et parvenir à leur objectif de pomper en 2012 quatre millions de barils/jour supplémentaires, les pays membres de l'OPEP devront investir 150 milliards de dollars, avait-il dit. M. Khelil avait, toutefois, précisé que le prix du pétrole était actuellement «très volatile», en raison des doutes sur l'évolution du marché et de la demande, des éléments qui introduisent «d'énormes incertitudes» dans l'investissement devant le risque de parvenir aussi bien à un excès qu'à une insuffisance dans les capacités de production, a expliqué M. Khelil. Il ajoute : «Tout le monde reconnaît qu'à court terme, il n'y a pas de problème d'offres, mais à long terme, tout dépend de l'effort d'investissement pour répondre à la forte demande», soulignant que les réserves existantes «peuvent suffire à la consommation mondiale prévue pour les 50 prochaines années». «Les prix sont bons et il n'y a aucune raison de ne pas investir dans l'exploration, le développement, les infrastructures et dans tous les domaines, non seulement dans le pétrole mais aussi dans le gaz et les autres énergies nouvelles, renouvelables et alternatives qui deviennent intéressantes comme les sables bitumineux ou l'Off Shore», relèvent des experts.

Après M. Khelil, le ministre du Pétrole saoudien, Ali Al Nouaimi, a rassuré également les consommateurs sur la disponibilité de l'offre, et confirmé que la production de son pays atteindra, durant le mois de juillet, 9,7 millions de barils/jour. Il a réitéré, jeudi à Madrid, que le marché pétrolier ne connaît pas actuellement de restriction au niveau de l'offre et que l'envolée des prix du brut est due principalement à la spéculation. «La demande est là, et l'offre répond à la demande», a affirmé le ministre saoudien, précisant que les «stocks de l'OCDE ont grimpé de 20 millions de barils en mai». M. Al Nouaimi a souligné également qu'en dépit de l'augmentation de la consommation des économies émergentes, «l'offre est capable de couvrir la demande mondiale». Le ministre saoudien a confirmé que les limites de l'approvisionnement du pétrole étaient beaucoup plus liées à la politique qu'à la géologie ou à la disponibilité de ressources. Pour appuyer ses thèses, le ministre saoudien a cité des études estimant les réserves mondiales entre 5 et 7 milliards de barils de pétrole récupérables, y compris les pétroles conventionnels et non conventionnels. Il a, cependant, réaffirmé la nécessité d'un dialogue franc entre les pays producteurs et consommateurs de pétrole d'une part, et entre les industries du gaz et du pétrole d'autre part, afin de parvenir à des prix «raisonnables». Par ailleurs, les prix du pétrole affichaient vendredi une petite baisse, en raison d'un léger regain du dollar sur le marché des changes, malgré des craintes persistantes sur l'offre et des tensions géopolitiques accrues. Sur l'Inter Continental Exchange (ICE) de Londres, le Brent de la mer du Nord (livraison en août) perdait 81 cents à 145,27 dollars. Au même moment, le baril de «light sweet crude» pour livraison en août baissait de 83 cents à 144,46 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Pour autant, les divergences de fond entre consommateurs et producteurs restent à lever, et particulièrement du côté des pays industriels qui ont toujours voulu un pétrole pas cher, oubliant les énormes investissements consentis par les pays producteurs. Quitte à provoquer des tensions sociales et professionnelles dans leurs pays.






Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)