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Pétrole
Les messages adressés par le président Bouteflika aux chefs d'Etat des pays producteurs de pétrole (même hors-OPEP) pour «stabiliser» les prix du marché laissent sceptiques plusieurs observateurs.Le président Abdelaziz Bouteflika a envoyé, il y a quelques semaines, plusieurs messages à des pays producteurs de pétrole, dont une partie hors-OPEP. L'idée, selon les officiels, est de sensibiliser ces pays à la chute des prix du pétrole, une démarche adoptée par Alger depuis la récente visite en Algérie du président vénézuélien Nicolas Maduro. Alger et Caracas ont préconisé une «action commune» et une concertation élargie à tous les pays exportateurs de pétrole pour tenter de trouver un consensus.Consensus que des pays comme l'Algérie ont échoué à faire valoir au sein même de l'OPEP. C'est ainsi que Abdelaziz Bouteflika a chargé son Premier ministre, Abdelmalek Sellal, d'organiser l'envoi d'émissaires au rang de ministre. Sellal a été chargé par le président Bouteflika d'ouvrir des discussions avec le Gabon, le Congo et la Guinée équatoriale (pays non membre de l'OPEP), mais aussi avec le Nigeria et l'Angola.Le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, envoyé spécial du président de la République, s'est envolé pour Bakou, pour remettre un message au président d'Azerbaïdjan, Ilhem Aliyev. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a été dépêché cette semaine au Mexique, alors que le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a été mandaté pour remettre des messages au Sultanat d'Oman et l'Arabie Saoudite.Déséquilibres«Le message de Bouteflika adressé au roi saoudien, sur la nécessité de trouver un consensus autour de la stabilisation du prix du pétrole, résume bien la posture algérienne, indique un cadre de la Présidence. Sans dramatiser la situation, Bouteflika insiste sur les conséquences néfastes de la détérioration des marchés pétroliers. Il connaît mieux le nouveau roi Salman Ben Abdelaziz que le défunt souverain saoudien, il a trouvé les mots pour s'adresser à lui.C'est une démarche nécessaire et elle ne laissera pas les destinataires indifférents.» Une manière de rattraper l'échec d'Alger dans l'OPEP : fin décembre, le ministre de l'Energie avait appelé les pays producteurs membres de l'organisation à réduire la production pour stabiliser les prix. «L'OPEP doit intervenir pour corriger les déséquilibres en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et défendre les revenus de ses pays membres», avait déclaré Youcef Yousfi.Mais les poids lourds des pays exportateurs avaient déjà pris leur décision : les Saoudiens et d'autres puissances avaient prévenu que l'OPEP ne réduirait pas sa production, même si les prix du brut tombaient à 20 dollars le baril, pour reprendre les déclarations d'un ministre saoudien. 20 dollars le baril, alors que les prévisions algériennes, selon Youcef Yousfi, tablent sur un prix oscillant entre 60 et 70 dollars en 2015 avec une possibilité d'augmentation durant le quatrième trimestre pour atteindre 80 dollars en 2016.Les initiatives diplomatiques du président Bouteflika pourront-elles enrayer la chute des prix ' «L'Arabie Saoudite gère rationnellement ce fléchissement des prix, nous n'avons pas un discours alarmiste, nous indique Oqayl Al Anzi, journaliste économique à Riyad. Les projets d'investissement et d'infrastructures sont maintenus et la diversification des ressources financières garantit une bonne santé pour l'économique saoudienne.»RussieAu passage, le journaliste saoudien confie que le message de Bouteflika au roi Salmane et l'audience accordée à Tayeb Louh sont passés inaperçus dans les médias du royaume? «Il ne faut pas en vouloir aux membres de l'OPEP, c'est la production hors-OPEP qui a fait augmenter l'offre à ce niveau», assène le spécialiste saoudien.Plus sceptique encore, l'économiste Abderrahmane Mebtoul explique à El Watan Week-end : «Sur le plan géostratégique déterminant, le prix sera influencé par l'évolution des négociations avec la Russie (concernant l'Ukraine) et les négociations avec l'Iran. Pour les pays africains, les régimes en place dépendent largement de l'influence des USA, de la France ou de la Grande-Bretagne, et ne pourront pas prendre de grandes décisions sans avoir eu leur aval.Pour toutes ces raisons, je ne pense pas que l'initiative algérienne, bien que louable mais actuellement isolée -excepté avec le Venezuela qui est en semi-faillite financière- puisse avoir un impact sur les décisions mondiales en matière énergétique, du moins à court terme.» «S'il fallait faire des actions, il aurait fallu les faire au sein de l'OPEP et ne pas se taire à l'époque, tranche Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et diplomate.Nous n'avons, du point de vue de notre production et de notre consommation d'énergie, aucun poids pour négocier avec des puissances comme l'Arabie Saoudite ou prétendre infléchir une tendance mondiale.» L'Algérie pèse moins de 4% de la production commercialisée OPEP, moins de 1% des réserves mondiales de pétrole, 1,5% des réserves mondiales de gaz traditionnel. «En plus, nous essayons de convaincre un pays comme le Mexique de nous suivre dans notre logique rentière, s'étonne Abdelaziz Rahabi, ancien ambassadeur d'Algérie au Mexique, alors que ce pays, contrairement à nous, a une structure économique industrielle».




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