Même décédées,
certaines personnes continuent à faire vivre et nourrir bien des familles. En
effet, de nombreuses personnes ont investi les cimetières et en vivent grâce à
de petits boulots ou tout simplement en mendiant. A vrai dire, les activités
qui se déroulent quotidiennement dans et aux alentours du cimetière sont, pour
la plupart d'entre elles, liées à la mendicité mais également à une arnaque qui
consiste à soutirer de l'argent aux parents du défunt.
Mais dans tous les cas de figure, ces
personnes qui mendient ou qui vous forcent à payer pour un petit service que
vous n'avez pas demandé, tous ces travailleurs d'un genre particulier vont
jouer sans vergogne et sans états d'âme sur la corde sensible de leurs
victimes. En ce qui concerne la mendicité, femmes avec bébés, enfants,
vieillards, infirmes (à l'image de ceux de la cour des miracles de Victor Hugo)
envahissent très tôt l'entrée du cimetière en quête de la moindre occasion se
disputant les premières loges, les places stratégiques.
Dans votre élan de solidarité ou même par
réflexe religieux, ne vous avisez jamais de ramener comme dans le bon vieux
temps ce plat de couscous que les pauvres se partageaient jusqu'au dernier
grain. Aujourd'hui ces pauvres d'une autre ère vont rafler poulet et viande et
vous remettre sans même s'excuser votre couscous «dégarni». Au lieu de ces
repas dont ils n'ont cure, ces mendiants qui n'ont vraisemblablement pas faim,
préfèrent de bonnes pièces sonnantes et trébuchantes, du vieux linge, des
souliers et autres bricoles négociables qu'ils vont s'empresser de revendre.
Dans un brouhaha indescriptible, ces
«travailleurs du cimetière» ont installé solidement leur fonds de commerce et
malheur à celui qui osera piétiner leurs plates-bandes. Vers seize ou dix-sept
heures, autrement dit à la fermeture du cimetière, tous ces mendiants vont
faire appel à un proche, un parent ou un associé, qui viendra en voiture
récupérer le butin de la journée. Appel discret à l'aide de téléphones
portables et voilà terminée une journée de dur labeur.
L'autre «job» à l'intérieur de l'enceinte, au
milieu des tombes et des herbes folles, est pratiqué par des adolescents munis
de bidons ou de seaux d'eau, guettant l'arrivée de la moindre dépouille, pour
venir «arroser» d'autorité la terre d'une tombe fraîchement creusée. Pour cette
opération, il vous en coûtera au moins 200 dinars que vous devrez payer sans
ergoter. Là encore c'est un véritable consortium qui s'est installé souvent par
la violence. Le responsable de la gestion des cimetières à l'APC, questionné
sur le sujet, se dit «désolé par ce comportement», ceci en précisant «qu'il est
impossible de localiser un intrus au milieu des personnes qui assistent à
l'enterrement pour les expulser, sauf s'il y a une réclamation, ce qui n'est
jamais le cas pour l'instant».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 16/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rahmani Aziz
Source : www.lequotidien-oran.com