Algérie

PETITE INFLEXION



L'Algérie a esquissé une inflexion sur le dossier syrien en «espérant», par la voix de son ministre des Affaires étrangères, voir les autorités syriennes «répondre de manière positive aux propositions de la Ligue arabe pour que nous puissions avec eux retrouver progressivement le chemin de la paix et du dialogue dans ce pays». M. Mourad Medelci s'est fait insistant en souhaitant que «le prochain protocole soumis à la partie syrienne soit signé». «J'ai cru comprendre, à travers les déclarations du ministre syrien des Affaires étrangères, qu'il était en train de reconsidérer sa position pour la rendre plus proche de celle de la Ligue arabe». C'est une invitation au Syrien de cesser de tergiverser, voire un message indiquant les limites du soutien officiel algérien. Il vaut mieux reculer, a-t-il lancé.
Ceux qui estiment que la diplomatie algérienne a choisi d'être inactive face à des crises graves qui se déroulent dans son environnement immédiat, ne seront sans doute pas très satisfaits de cette évolution. Il y a eu dans le cas de la Libye un ratage initial qui a poursuivi constamment une diplomatie algérienne faisant strictement dans le style défensif. Dans le dossier syrien, l'évolution suit la même démarche que celle pour la Libye et qui consiste à s'adosser à la démarche d'une organisation. L'Union africaine, qui avait été totalement marginalisée dans l'affaire, a servi de «ligne» commode mais totalement inefficace et sans effet. Cela a consisté à prêcher dans le désert, alors que les choses évoluaient sur le terrain à grande allure.
Au lieu de dénoncer clairement, comme le souhaitait par exemple Abdelhamid Mehri, les menaces du régime de Kadhafi contre la population, ce qui lui aurait permis de développer par la suite une démarche plus active, l'Algérie s'en est tenue au principe de «non-ingérence» dans les affaires intérieures de la Libye. Ce qui dans les faits n'avait déjà plus de sens. Car, seule une lecture littéraliste, voire bureaucratique, permet d'affirmer que la crise qui secoue un pays avec qui l'on partage près de 1000 kilomètres est une affaire «extérieure». Dans le cas de la Syrie, l'Algérie est en train d'esquisser une évolution en liant sa position à celle de la Ligue arabe. Qui n'est pas forcément la meilleure des attitudes possibles.
Il y a bien un problème d'évaluation et de grille d'analyse qui vaut pour les autres pays comme pour l'Algérie. Etre attaché au principe de souveraineté nationale et de refus de l'ingérence n'est pas erroné en soi. A condition que cela ne se transforme pas en droit de faire «ce que je veux chez moi». Dans ce cas, la notion de souveraineté serait en retard de plus d'une évolution. La plus importante étant une circulation rapide de l'information qui interdit le huis clos et le «je fais ce que je veux chez moi». Mais plus fondamentalement, une souveraineté nationale n'est plus concevable sans une adhésion forte de la population. Le plus grand enseignement des bouleversements actuels dans le monde arabe est bien le fait que les dictatures et les autoritarismes sont devenus, dans un monde complexe, de très graves menaces à la souveraineté et à l'indépendance nationale. Voire à la pérennité des pays.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)