Algérie

Perturbations dans les centres de santé: Les vaccins victimes du crédit documentaire



La pénurie de médicaments qui touche notre pays depuis plus d'un mois semble également concerner le vaccin. En effet, les polycliniques et les centres de santé, dans la capitale notamment, sont dépourvus de vaccins et du coup des milliers de bébés risquent de ne pas être vaccinés dans les temps.

 Paradoxalement les vaccins en question, notamment contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, DTP ou encore la rougeole, sont disponibles au niveau des cliniques et établissements privés en s'acquittant d'une somme variant entre 800 et 1.200 DA. Même la vitamine D administrée périodiquement aux nouveau-nés et aux enfants en bas âge n'est pas disponible dans les centres de santé mais elle est en vente libre dans les pharmacies.

 Certains parents sont réellement inquiets devant cette situation. Ils sont des milliers à se rendre les dimanche et mardi (journées consacrées à la vaccination) au niveau des centres de santé et à revenir bredouilles. «Les vaccins pour les bébés de trois mois ne sont pas disponibles», nous a indiqué hier une infirmière au niveau de la polyclinique du 5 Juillet à Bab Ezzouar, à l'Est d'Alger.

 L'absence de vaccins dure au moins depuis un mois, avons-nous appris sur place, et touche la quasi-totalité des établissements de santé publique sur le territoire national. Malgré des demandes incessantes et pressantes des responsables des structures de santé pour renouveler les stocks et faire face à la demande, rien n'a encore été fait, du moins jusqu'à dimanche matin. Contacté, le responsable de communication au niveau de la pharmacie centrale (PCH) nous a indiqué hier qu'il faut s'adresser à l'Institut Pasteur d'Alger. Joint au téléphone, le directeur général de l'Institut Pasteur, M. Abbadi Mohamed Cherif, a affirmé hier que seuls deux vaccins ne sont pas disponibles. Pour le premier, à savoir le Polio, M. Abbadi nous a expliqué qu'il est en cours de contrôle et qu'il sera libéré le 13 octobre prochain. 2,5 millions de doses sont disponibles, a-t-il ajouté en soulignant qu'une fois les contrôles effectués les vaccins seront distribués dans les secteurs sanitaires.

 Concernant le deuxième vaccin, le «Tétra IB» (vaccin contre la diphtérie et la coqueluche notamment), il semblerait que l'Institut Pasteur est victime des mesures prises par le gouvernement obligeant tous les organismes à utiliser le crédit documentaire (Credoc) dans toutes les opérations de commerce extérieur. D'après le responsable de l'Institut Pasteur, le bon de commande est depuis longtemps chez le fournisseur du vaccin mais la banque avec laquelle l'Institut a l'habitude de travailler ne s'est pas encore «adaptée» aux nouvelles mesures décidées par le gouvernement.

 «Un dossier volumineux nous a été demandé par la banque pour les lettres de crédit», nous a déclaré M. Abbadi Mohamed Cherif qui précise que l'idéal serait de disposer de fonds propres ou d'une ligne de crédit pour pouvoir régler rapidement le fournisseur pour disposer des vaccins et ne pas pénaliser les citoyens. Le responsable ajoute que l'Institut a pris la décision de changer de «banquier» et de s'adresser à la Banque extérieure d'Algérie (BEA) pour les prochaines opérations d'importation de vaccins. Une réunion était prévue hier avec les responsables de la BEA, souligne notre interlocuteur qui fait savoir que cette banque offre de «meilleures disponibilités» dans les opérations de commerce extérieur.

 Ainsi, d'après le premier responsable de l'Institut Pasteur d'Alger, le problème du deuxième vaccin sera réglé dans une quinzaine de jours. «Le Polio est un vaccin vivant et ne nécessite pas beaucoup de temps pour son contrôle», a déclaré M. Abbadi. Ce dernier a assuré par ailleurs que le retard dans la vaccination des enfants ne représente pas de danger.

 Il faut savoir que l'Institut Pasteur importe chaque année deux tranches de vaccins. L'organisme disposait dans le passé entre 90 et 120 jours pour régler ses fournisseurs alors que depuis deux mois il faut d'abord payer avant de se voir délivrer aussi bien les médicaments et les vaccins que n'importe qu'elle autre «marchandise». Pour l'heure, aucun mécanisme n'est prévu pour «prioriser» l'acheminement de vaccins et/ou de médicaments qui sont ainsi traités comme tous les autres produits importés, malgré l'importance qu'ils véhiculent dans la vie de chacun d'entre nous.




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