Les Espagnols, en mettant des conditions drastiques àl'exercice par Sonatrach de ses droits de vote au sein du groupe Medgaz,ont-ils tablé sur une impossibilité pour l'entreprise algérienne de revenir enarrière à la suite des travaux déjà engagés ? C'est la question qui se posaitces dernières semaines depuis que la «crise énergétique» entre Alger et Madrid -aussi bien sur la question de la réévaluation des prix que sur celle de lalimitation des quantités de gaz vendues par Sonatrach sur le marché espagnol -s'est installée.Côté espagnol, on semble bien avoir tiré la conclusion quel'entreprise Sonatrach est trop avancée et que l'on pouvait, sans risque,introduire des conditionnalités qui relèvent, non des règles économiques, maisd'une appréciation politique. Ainsi, Sonatrach se retrouvait, au vu desconditionnalités introduites par la partie espagnole, dans un statutd'actionnaire à autorité limitée, avec un pouvoir en deçà de sa participation.C'est clairement une intrusion «musclée» du gouvernement espagnol dans la vied'un groupe économique privé à travers une démarche qui appréhende Sonatrach, noncomme un partenaire, mais comme une menace potentielle.C'est donc la partie espagnole qui, au nom deconsidérations politiques et sécuritaires, a créé les ferments de la crise.Avec le postulat implicite que Sonatrach ne croiserait pas le fer et finiraitpas accepter le fait accompli. Calcul erroné.Medgaz est un investissement intéressant pour Sonatrach carle gaz livré par le gazoduc revient trois fois moins cher que le gaz liquéfiétransporté par méthaniers. Mais l'intérêt devient problématique quand on limitedrastiquement les quantités de gaz que Sonatrach pourrait placer sur le marchéespagnol. Les gains escomptés par l'entreprise nationale pour l'investissementsont de ce fait obérés par l'injonction politique espagnole. Il n'est donc pas surprenantque la partie algérienne n'hésite plus à mettre dans la balance l'avenir mêmede Medgaz. Quitte à revenir à l'option de liquéfaction, plus coûteuse mais quidonne une marge d'action plus grande à l'entreprise. La réponse de Madrid auxobjections algériennes décidera en fin de compte de l'avenir du gazoduc.Il est compréhensible que l'entreprise algérienne refuseune démarche espagnole qui appréhende le projet sous l'angle de l'intérêtexclusif de l'Espagne. Ce serait un partenariat biaisé. Sonatrach, qui se placede plus en plus dans l'international et multiplie les partenariats, a raison dene pas accepter un précédent où, pour des raisons politiques, on réduit sesdroits dans un groupe économique privé. A plus forte raison quand on constateque d'autres entreprises ne subissent pas les restrictions politiques opposéesà Sonatrach. Les pertes de ce point de vue sont plus importantes que lesprofits.On ne peut manquer cependant de relever l'aveu de ChakibKhelil sur le fait que le projet n'aurait pas été lancé si ces problèmesavaient été soulevés au début. L'argument est faible. Quand on négocie unaccord aussi important, on se devait d'anticiper les problèmes et de négocierd'avance les clauses de sauvegarde. Mais cela ne réduit en rien la pertinencede la position actuelle de Sonatrach...
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Posté Le : 11/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : K Selim
Source : www.lequotidien-oran.com