Algérie

Perspectives politiques : L'Algérie à la croisée des chemins



L'Algérie a passé, sur la pointe des pieds, l'année 2011, rasant les murs et se mettant à  l'abri des regards et des satellites. Le régime a tout fait pour étouffer dans l'œuf les contestations en usant de stratagèmes, de bastonnades et déboursant des sommes faramineuses pour éviter que la voix du peuple ne se transforme en un tourbillon emportant sur son chemin une file de gérontocrates, qui a juré de garder le pouvoir en faisant payer au pays le prix fort.  D'émeutes, en immolations par le feu, en passant par des marches et manifestations avortées par la force du bâton, les Algériens ont pourtant bien dit leur mot en cette année de tous les bouleversements. Contrairement à  ce que l'on peut croire, les Algériens ont bel et bien exprimé leur rejet du système qui les gouverne depuis 1962. Ils ont bel et bien dit qu'ils sont avides de changement. Ils ont bel et bien appelé à  un meilleur vivre ensemble. Ils l'ont bel et bien fait mais à  leur rythme, à  leur manière, en rangs dispersés.  Du soulèvement de 1963, à  celui de 1980, puis 1988, en passant par une décennie de terreur suivie d'une décennie de plongée dans l'abîme, le peuple algérien n'a jamais déserté le terrain de la révolte et de la colère. Un peuple dont la résistance n'a d'égale que sa volonté d'en découdre avec un état de fait, dans lequel il a été maintenu de force. Ce peuple, qu'on veut réduire à  l'état de daltonien n'ayant le droit de voir que des décennies noire ou rouge, n'a cessé de réclamer de voir la vie sous ses belles couleurs ; du blanc de la liberté, au vert de la prospérité, comme le lui a promis l'emblème national qui réserve le rouge au seul sang du sacrifice des martyrs de la guerre de libération. Les Algériens aspirent aussi à  la démocratie, à  une société égalitaire, à  une justice pour tous, mais ils ne veulent pas céder au chant des sirènes, tant qu'ils n'ont pas la certitude que la finalité est un changement réel. Sur la révolte, l'Algérien n'a pas de leçon à  recevoir. Les soulèvements, qui ont lieu autour de nous, doivent, par contre, servir de leçon à  nos dirigeants qui s'entêtent à  se terrer derrière des réformettes au lieu d'ouvrir la voie à  un changement serein, pacifique  et sans violence. L'année qui vient sera un test fondamental pour le régime de rompre avec cet entêtement suicidaire pour lui et dangereux pour le pays. L'Algérie n'est pas à  l'abri et n'est pas une exception. Chaque période a ses propres convulsions, on ne peut donc se suffire à  dire que le pays a déjà eu sa révolution. Un changement réel et pacifique éviterait au pays d'aller tête baissée sur le chemin de l'aventure. La guerre de succession, en haut lieu, ne devrait pas prendre en otage tout un peuple et l'avenir du pays. C'est d'ailleurs pour éviter d'être la chair à  canon de cette guerre dont il ignore les tenants et aboutissants que les Algériens ne s'inscrivent pas encore dans la voie du «printemps arabe», comme baptisé par l'Occident. Ils observent et le monde observe aussi. L'année 2012 est là, avec ces rendez-vous avec l'histoire. Les  élections législatives qui interviendront au lendemain de la célébration du cinquantième anniversaire du 19 Mars 1962, signant le cessez le feu de la guerre de libération, et juste à  la veille de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance, seront le baromètre dévoilant la réelle volonté du régime. Elles seront historiques et en parfaite phase avec ces glorieuses dates, parce que transparentes et libres, ou seront un énième leurre, une tartuferie supplémentaire signés par un pouvoir qui prouvera, encore une fois, son illégitimité et son antinomie avec le projet de société tel que tracé par la déclaration du 1er Novembre et la Plateforme de la Soummam.
Les décideurs ne doivent pas ignorés non plus, qu'ils n'ont plus la latitude de truquer à  leur guise ces élections, car le monde a changé et la peur a changé de camp.

 


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