PERSPECTIVES ECONOMIQUES POUR L'ALGERIE Une question d'opportunités

Quelles perspectives économiques pour l'Algérie ' Une question d'opportunités, de bonnes politiques économiques, d'un remodelage de la gouvernance et de l'organisation actuelles.
Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Invité hier du centre de presse du Forum Algeria Invest, l'économiste et universitaire Abdelhak Lamiri s'est voulu réaliste quant à la situation économique actuelle de l'Algérie et sur ses perspectives. En ce sens, Abdelhak Lamiri constate que la gouvernance économique à l'algérienne se base sur un mauvais diagnostic de la crise économique internationale. Dans la mesure où, explique-t-il, les pouvoirs publics ont «interprété » cette crise comme étant une crise du secteur privé et que, par conséquent, des politiques de relance et de soutien du secteur public et de stimulation de la demande s'imposent. Or, un tel modèle, d'inspiration keynésienne, est inapplicable, inopérant en Algérie, affirme cet universitaire, déplorant l'«erreur» de diagnostic commise par les experts. Malgré les plans successifs de relance essentiellement des infrastructures, lancés durant la décade écoulée et pour lesquels 500 milliards de dollars ont été alloués, la croissance économique reste pourtant en deçà des attentes, dépendante encore de la rente et de la dépense publique, la production ne s'améliore pas et la productivité stagne, la recherche-développement insignifiante et la ressource humaine marginalisée. Certes, le modèle actuel de gouvernance peut perdurer avec ses contradictions, ses errements en matière d'organisation et de management et sa sphère politique insuffisamment structurée. Néanmoins, cette gouvernance ne pourra assurer, à terme, une croissance économique intensive et moins vulnérable aux aléas, un développement pérenne et une paix sociale solide. A ce propos, l'hôte d'Algeria Invest s'interroge sur la capacité de l'économie algérienne à devenir davantage compétitive, productive et efficiente, au-delà des résultats de la dernière réunion tripartite (gouvernement-UGTAPatronat). A contrario de ce scénario, de «la continuité», Abdelhak Lamiri évoque un autre scénario basé sur des politiques économiques rénovées, une réorganisation efficiente de l'Etat, une modernisation institutionnelle et managériale, le lancement d'un «Plan Marshall» au profit des Pme, ainsi que l'investissement sur le capital humain… Selon cet universitaire, c'est une question d'opportunités à savoir saisir, bien saisir…