Algérie

Perspectives économiques



Perspectives économiques
Le tableau de bord de l'économie nationale annonce, de jour en jour, l'avènement d'une banqueroute inéluctable, à laquelle seule une miraculeuse et spectaculaire remontée des cours pétroliers pourrait éventuellement surseoir.Le salut ne viendra pourtant pas de là, au moment où le marché pétrolier, déjà en surabondance, s'apprête à accueillir un nouveau surplus d'offre avec le retour attendu du pétrole iranien. Le salut ne viendra pas non plus d'un décollage économique par enchantement et d'un sortir soudain du «tout hydrocarbures», comme voudrait bien le faire croire les décideurs en exercice, en ces pesants temps de crise.Le fait est que les«quinze glorieuses» ? soit surtout les années 2000 où rente et aisance étaient arborées à tout bout de champ ? sont bel et bien finies, sans que le pays n'ait su en faire le moindre bon usage. Si ce n'est quelques médiocres rattrapages en équipements et infrastructures publics. Sinon, les statistiques périodiques d'ici et d'ailleurs suffisent à elle seules à rendre compte de toute l'étendue de l'échec des politiques de gestion de la décennie écoulée, mais aussi et surtout du marasme qui menace tant la solvabilité extérieure du pays que sa stabilité socioéconomique interne.Le CNIS, observatoire officiel de l'état des échanges commerciaux de l'Algérie avec le reste du monde, révélait, dans sa dernière livraison, toute l'ampleur du désastre. Entre janvier et mai derniers, indique ainsi cet organisme de statistiques douanières, l'Algérie a exporté en tout et pour tout pour près de 16 milliards de dollars, dont plus de 93% de gaz et de pétrole.Entre-temps, le pays a importé pour plus de 22 milliards de dollars, dont essentiellement des biens d'équipements nécessaires à l'entretien de sa superficielle croissance. Sous l'effet combiné de la baisse des prix pétroliers et de la contraction des quantités d'hydrocarbures exportées, le total de ce que l'Algérie exporte ne suffit donc plus à financer la somme de ce qu'elle achète à l'étranger. Sur les cinq premiers mois de l'année en cours, précise en ce sens le CNIS, les exportations globales ont assuré la couverture des importations à hauteur de seulement 71%, contre un taux de 114%, il y a à peine une année.Le gap ainsi enregistré de janvier à mai derniers devrait se creuser davantage dans les quelques mois à venir, dès lors que les revenus pétroliers du pays continuent à baisser. In fine, l'Algérie serait probablement appelée à renouer avec l'endettement extérieur pour pouvoir continuer à couvrir ses besoins à l'importation. Et au bout, le risque d'un retour aux cures d'ajustements structurels, synonyme pour ainsi dire d'une faillite recommencée, après une décennie d'accumulation d'avoirs en devises, qui n'ont guère profité au développement.Aggravation des déficitsAu chapitre de la politique budgétaire, les dernières statistiques dévoilées par la direction générale des impôts (DGI) ne traduisent, elles aussi, qu'un constat d'échec de la politique de la décennie précédente et les prémices d'une faillite économique annoncée. Les revenus pétroliers du pays ayant baissé de plus de 45% depuis janvier, la fiscalité pétrolière, qui pèse pour près de 45% des recettes du budget de l'Etat et des collectivités locales, a par conséquent chuté de 28% durant le premier trimestre de l'année en cours.Dès lors, le fameux Fonds de régulation des recettes (FRR), créé en 2000 pour y placer des excédents de recettes pétrolières et géré, depuis, en tout aventurisme, ne reçoit désormais plus aucun sou. Ainsi, le pays n'a plus rien à mettre dans sa fameuse cagnotte budgétaire, alors qu'il s'autorise des niveaux de déficits de l'ordre de 22% de son produit intérieur brut (PIB).Tout récemment encore, l'assureur-crédit français, Coface, qui reprend ainsi ses habitudes d'antan, place à nouveau l'Algérie sous «surveillance négative» dans son dernier classement du «risque pays» dans le monde. L'organisme, qui évalue surtout la solvabilité des entreprises d'un pays en fonction de ses perspectives économiques, indique que le déficit public de l'Algérie a atteint 7% en 2014 et devrait s'aggraver en 2015, sous l'effet de la «faiblesse des recettes pétrolière» et du «maintien des dépenses publiques».La Coface situe en substance le mal profond qui ronge l'économie algérienne dans sa «forte dépendance aux hydrocarbures», «les problèmes d'utilisation de cette rente», «les lourdeurs bureaucratiques et la faiblesse du secteur financier», mais aussi et surtout la situation «problématique» de son environnement des affaires. En somme, autant de chantiers de réformes structurelles vitales qui n'ont pas été réalisés à temps pour éviter au pays sa banqueroute actuelle.




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