Algérie

Personne ne gagne, tout le monde perd



Personne ne gagne, tout le monde perd
Austérité ' On ne sent pas encore, et on n'observe nullement ses rigueurs quelque part. Faut-il rappeler alors que l'une de ses premières manifestations, après 1986, était le manque de produits de première nécessité. D'aucuns se plaisent à nous rappeler cette année fatidique en guise d'avertissement. Encore faut il préciser que les Algériens recouraient alors à la débrouillardise pour un bidon d'huile, un sac de semoule... Qui se souvient encore des souk el fellah, objet de blagues et de sarcasmes ' Les pénuries ne font plus partie du paysage, même si le niveau des prix, dans bien des cas, limite les bienfaits de cette abondance. Le bon sens populaire traduit bien cette mutation. Nous sommes sortis en quelque sorte d'un système où l'argent avait de la valeur, sans trouver où le dépenser. Nous vivons, par contre, une époque où il y a tout sans pouvoir rien acheter. Le constat est peut-être exagéré mais beaucoup d'Algériens peinent encore et leurs salaires ne suffisent pas pour une vie décente. La floraison des grandes surfaces souligne davantage les inégalités. Le mot austérité est néanmoins sur toutes les bouches. Pourtant, contrairement à d'autres pays, comme le Venezuela, dont les exportations se limitent dans les mêmes proportions que l'Algérie au pétrole, le pays n'est pas aux abois. Il n'a pas revu à la baisse les programmes sociaux comme au Brésil où le Parti des travailleurs (PT) est au pouvoir depuis 12 ans. Le corset de l'endettement de l'Algérie avait été desserré et les projets d'investissement public dans un pays aussi vaste peuvent aider à la relance de l'agriculture et de l'industrie. L'économie n'est pas en récession. Se limiter à tenir la chronique des détournements et des malfaçons des projets ne rend pas compte de toute la réalité. Nul ne peut nier que la chute des prix du pétrole induit des difficultés budgétaires. Pourquoi alors ne retenir que la perspective déprimante et ignorer que le marché est volatile, connaît des retournements inattendus. Les prévisions des économistes ont l'incertitude des sondages et les humeurs du temps. Les autorités préfèrent rationaliser les dépenses. Est-ce une manière de contourner et d'éviter le mot maudit ' Pas vraiment. Les Algériens sont seulement invités à serrer davantage la ceinture et à faire attention. C'est une vertu, et si nulle mesure préventive n'était prise, on aurait déploré avec plus de vigueur et d'alarmisme l'imprévoyance et le laisser-aller. Le temps du pétrole dont les prix permettaient de financer même des dépenses superflues est une parenthèse qui se referme. Doucement mais sûrement. Mais faut-il sonner l'hallali, annoncer l'apocalypse quand on procède à des relèvements de tarifs comme ceux de l'électricité. Le ministre de l'Energie a déjà amorti le choc en indiquant que seuls les gros consommateurs sont concernés. L'Etat compte ses sous. D'autres pistes comme l'imposition d'un impôt sur le revenu, le contrôle des circuits informels restent à explorer. C'est là que se trouve l'argent et pas seulement dans la poche des salariés. Il avait bien raison ce philosophe qui jurait qu'au pouvoir, il commencerait d'abord par rétablir le sens des mots. Qu'est-ce que l'austérité sinon le recours à des mesures draconiennes pour rétablir le fonctionnement d'une économie fortement perturbée. Elle s'accompagne du gel de salaires, des embauches dans la fonction publique. Cela ne semble pas être manifestement le cas dans notre pays. Sommes-nous dans le scénario à la grecque qui ressemblait davantage à une faillite ' Un peuple s'est du jour au lendemain réveillé sur des images du Tiers-Monde. La mendicité, les familles ont explosé dans les rues des villes et des millions de personnes ne pouvaient plus garantir à leurs enfants des soins élémentaires. La sagesse populaire recommande de ne pas trop appeler le malheur. Il finira par vous tomber sur la tête. C'est une situation où personne ne gagne et ou tout le monde perd. Ceux qui croient qu'en accablant le peuple on affaiblit l'Etat sont, au mieux des politiciens intéressés, au pire des apprentis sorciers.




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