Personne n'échappe à l'argent
La course effrénée à acquérir davantage de biens matériels et la frénésie consumériste qui gagne nos sociétés, nous recommandent de réfléchir sérieusement à la place de l'argent et son importance dans la vie des hommes. La réflexion est d'autant plus fondamentale que le monde traverse une crise financière sans précédent et dont la fin paraît sans cesse différée. Aussi est-il judicieux d'inscrire la notion d'argent dans sa profondeur historique, sa dimension anthropologique et sa fonction sociale. En effet, l'argent, compris dans son sens monétaire, remonte au troisième millénaire avant notre ère. Il est né en même temps que les premières organisations politiques et sociales des groupes humains. C'est une invention capitale qui permit un grand développement des échanges. Devenu étalon accessible à tous dans la circulation des biens et livraisons de services, il s'est imposé comme un moyen incontournable. Donc à moins de revenir à une économie dont la base est exclusivement le troc, l'argent demeure nécessaire dans les transactions et les relations économiques entre les êtres, les communautés et les nations. De ce point de vue, l'argent est indispensable pour faciliter les échanges et subvenir aux besoins de tous les jours. En dehors des cas très rares de communautés religieuses ascétiques dont les membres vivent reclus, chaque personne a besoin d'un minimum d'argent pour vivre, tout simplement.De nos jours, personne n'échappe à l'argent même s'il n'est plus matérialisé physiquement comme il le fut par le passé. La monnaie métallique est supplantée par la monnaie de banque sous forme de billets, de chèques et de cartes de crédit, rendant l'argent plus virtuel encore. Mais il n'en demeure pas moins qu'il continue à peser de tout son poids sur les consciences et façonner le devenir des sociétés humaines. L'argent est la religion du sage disait Euripide et nous ne pourrions pas nous en passer. Mais il faut que nous parvenions à le dompter et échapper à son emprise. Il est, certes, comme nous l'avons vu, un moyen d'échange très pratique. Néanmoins la façon de l'utiliser reste pour le moins archaïque, asservissante voire aliénante. En réalité, ce n'est pas tant l'argent qui est en cause, mais bel et bien l'homme qui s'en sert et pour qui l'argent est l'objet de convoitises terribles et d'appétits féroces. Les petitesses, avarice, jalousie, cupidité et besoin de domination que ne cessent de nourrir l'homme, font que l'argent est « investi » d'une grande charge émotionnelle et devient l'instrument de tous c(s)es défauts. La fixation quasi maladive sur les biens de ce monde et la focalisation sur l'argent qui permet de les acquérir font naître un sentiment de vulnérabilité et de faiblesse quant à la peur de les perdre une fois acquis et une impression de frustration devant leur inaccessibilité. De facto,l'angoisse semble prégnante et présente tout le long de la trajectoire de vie. Ce que l'homme possède et auquel il tient par-dessus tout, ou du moins en a-t-il l'illusion de sa possession est labile et fragile. Rien de ce qui est matériel n'engendre de profit perpétuel. Mais, l'homme est si obnubilé par le matérialisme qu'il a occulté ici-bas tout autre aspect de sa vie spirituelle et sa projection éternelle dans l'au-delà.Nous poursuivrons dans les chroniques à venir d'autres aspects inhérents à l'argent et comment infléchir sa saine utilisation pour le bien de tous.
Posté Le : 17/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghaleb Bencheikh
Source : www.elwatan.com