Algérie

Périlleux pari pour El Sissi et l'armée égyptienne



Périlleux pari pour El Sissi et l'armée égyptienne
Les Egyptiens sont appelés après-demain 15 janvier à approuver la nouvelle Constitution du pays promise par les militaires quand ils ont destitué l'ex-président Mohamed Morsi. Pour les tombeurs de Morsi et des Frères musulmans, ce rendez-vous est crucial, car ils sauront à son issue s'ils disposent de la confiance et du soutien du peuple égyptien au nom duquel ils ont procédé à leur coup de force contre un président ayant été démocratiquement élu et des Frères musulmans arrivés au pouvoir en la même forme.Le soutien populaire dont ont argué les militaires quand ils ont agi contre Morsi et ses partisans avait à ce moment-là une incontestable réalité tant ces derniers avaient en une année de pouvoir à peine dilapidé le capital confiance que leur avait accordé la majorité des Egyptiens. Il n'est plus évident car à leur tour les militaires qui gouvernent depuis le pays sous le paravent d'autorités civiles sont la cible d'une contestation multiple qui ne se limite pas à celle animée par les Frères musulmans ou par les islamistes djihadistes qui traduisent la leur par des actes violents qui ont plongé le pays dans un climat de guerre civile.Dans ces conditions, le pari est risqué en ce référendum pour le général Abdel Fatah El Sissi et les militaires qu'il dirige. L'enjeu pour eux étant que le taux de participation à ce rendez-vous et celui de l'approbation du texte constitutionnel soient à hauteur valant démonstration qu'ils ont toujours l'appui du peuple. L'affaire nous paraît mal engagée pour eux car les Frères musulmans et pas seulement eux ont appelé au boycott du scrutin. Des forces politiques ayant initialement applaudi au coup de force de l'armée ont vu leur enthousiasme douché par la politique de mise au pas exercée contre elles par les militaires et par le constat que ces derniers ont inspiré la rédaction d'une nouvelle Constitution qui leur garantit non seulement leur rôle prépondérant dans la conduite des affaires de l'Egypte, mais en a aussi accentué le rôle déterminant.Apparemment, El Sissi ne craint pas un cinglant désaveu et donne l'impression d'être optimiste au point qu'il a même laissé transparaître son ambition de se porter candidat à la présidentielle appelée à être organisée après le référendum constitutionnel. Des observateurs pensent que son optimisme peut s'avérer fondé au vu de la peur et de la lassitude que ressent une majorité d'Egyptiens devant la situation où se trouve leur pays. Beaucoup sembleraient déterminés selon ces mêmes observateurs à se contenter du retour à un « régime fort » susceptible d'éteindre la flambée de violence dont le pays est le théâtre et en capacité de le remettre sur pied au plan socio-économique.A cette vision, d'autres opposent celle d'une Egypte qui se dirigerait vers le gouffre avec un référendum dont les initiateurs ont perdu le soutien populaire et dont le résultat va relancer et amplifier leur confrontation avec les forces islamistes et autres qui ne vont pas accepter d'en reconnaître la fiabilité et la légitimité. Il est à craindre que le 15 janvier n'ouvrira pas la voie du renouveau pour l'Egypte mais celle d'une descente aux abîmes à laquelle l'armée devra faire face en étant isolée dans la société égyptienne.




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