La rengaine est de nouveau ressassée à l'approche du Ramadhan : les ménages n'ont pas de souci à se faire, le gouvernement veille au grain. Un plan spécial d'approvisionnement du marché, 'uvre d'un comité interministériel, est mis en branle pour éviter la saignée aux consommateurs. Ainsi, des stocks « d'appoint » pour les denrées les plus demandées dans le contexte sont constitués pour parer aux pénuries provoquées. Telle est la promesse réitérée par les pouvoirs publics qui, cette année également, s'engagent à bien tenir un marché qui n'obéit qu'à sa propre logique spéculative.Premier couac sérieux venant prématurément battre en brèche l'assurance des régulateurs interministériels, l'envolée spectaculaire des prix de la viande blanche ces derniers jours. Le poulet est proposé à des prix oscillant entre 300 et 350 DA le kilo sur plusieurs places marchandes du pays. A la fin de la semaine dernière pourtant, un responsable au ministère du Commerce s'égosillait à affirmer que l'équilibre était acquis entre l'offre et la demande concernant le produit. Voilà qui renseigne éloquemment sur la maîtrise qu'ont les instances de régulation sur le mouvement des denrées et leur disponibilité à moins de deux semaines du mois sacré. Comme pour les cas du ciment, de la viande ou de la pomme de terre, l'Etat, incapable de refréner les appétits gloutons des réseaux de spéculation, opte pour la solution de facilité qui consiste à solliciter le marché extérieur pour prétendument fausser les agiotages des sangsues du circuit commercial. Mais le terrain a déjà prouvé que les fameux stocks d'appoint n'ont que rarement servi à ce à quoi ils sont destinés, aboutissant même parfois dans les méandres de ce marché parallèle dont ils sont censés déjouer le mécanisme.Tout se passe comme si les instances chargées du contrôle, en amont et en aval de la chaîne commerciale, ont intégré désormais le circuit informel comme une donne constante et commune du marché. Ce fatalisme se constate notamment dans cette attitude-réflexe de recours à l'importation et à la constitution de stocks à la veille du Ramadhan. Il y a aussi que les enjeux de cet état de fait sont tellement profitables pour de nombreux relais combinards tapis dans l'administration qu'il faut bien plus que des professions de foi et des déclarations comminatoires pour imposer un peu d'éthique sur le marché.L'on ne comprend pas, sinon, entre autres défaillances structurelles, pourquoi les organes chargés de la vérification de la qualité et des prix sont à ce point dépourvus de moyens leur permettant de vraiment agir sur le cours des choses. Nous avons appris dernièrement que 4500 agents de contrôle sont employés au niveau national pour contrer les pratiques frauduleuses dans un secteur qui compte pas moins de 1,3 million de commerçants officiellement recensés.
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Posté Le : 01/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mourad Slimani
Source : www.elwatan.com