Régler le problème de pénurie de médicaments de l'immunodéficience
acquise (sida) dans les plus brefs délais, c'est l'engagement fait lundi par le
ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel
Ould Abbès.
Une promesse qui laisse toutefois sceptiques les associations de lutte
contre le sida, étant donné qu'aucune date fixe n'a été arrêtée sur la
disponibilité des antiviraux au niveau des centres de référence.
Sans vouloir faire dans la polémique, les deux associations de lutte
contre le sida d'Oran et «Aniss» de Annaba espèrent, pour l'intérêt des
malades, que le problème soit réglé avant le début du mois de ramadhan.
L'association «Aniss» a préféré temporiser avant d'entamer une action en
justice au nom des malades et selon la procédure la plus adaptée. Quant à
l'association d'Oran qui a reçu des plaintes de malades, elle compte agir la
semaine prochaine en déposant plainte auprès de la justice pour non-assistance
à personnes en danger.
Le ministère, pour sa part, annonce qu'un avertissement avait été adressé
à un laboratoire spécialisé dans ces médicaments pour ses lenteurs dans
l'approvisionnement.
D'autres promesses ont été faites par le ministre de la Santé, concernant
cette fois-ci la pénurie de médicaments qui perdure depuis deux ans.
Reconnaissant, pour la première fois, l'existence d'un manque de médicaments
sur le marché national, le ministère compte injecter une somme de dix milliards
de dinars pour pallier ce déficit. Cette annonce a été faite lundi à Alger,
lors d'une réunion consacrée à la gestion du marché des médicaments en Algérie,
par Djamel Ould Abbès, qui a affirmé à l'APS que «ce montant pourrait être
retiré par la pharmacie centrale pour l'acquisition immédiate de ces
médicaments». Se montrant plus rassurant encore, le ministre s'est engagé sur
la disponibilité des médicaments avant le mois de ramadhan, avec la
confirmation que le montant alloué pourrait être retiré dès aujourd'hui auprès
de la Banque nationale d'Algérie (BNA) et du Crédit populaire d'Algérie (CPA).
Pour le ministre, «il ne s'agit pas d'une pénurie au sens propre,
d'autant plus que la liste des médicaments non disponibles ne compte qu'une
quarantaine de médicaments sur les 5.400 médicaments commercialisés sur le
marché algérien». Mais pour le Syndicat national des pharmaciens d'officine
(SNAPO), la liste des médicaments en rupture sur le marché compte 120 produits,
dont les plus essentiels prescrits pour les maladies chroniques tels que le
diabète, l'hypertension, le cancer et même la pilule contraceptive qui se fait
de plus en plus rare, au point où, dira le président du SNAPO, elle est vendue
au niveau des pharmacies par plaquette et non pas par boîte.
Des statistiques que le représentant de la pharmacie centrale a remis en
cause dans son exposé, arguant qu'après vérification, le taux de produits en
rupture est de 32% seulement (!). «14% des médicaments cités dans la liste ne
sont pas des médicaments essentiels», a précisé le même responsable, indiquant
que «38% de ces médicaments sont disponibles sur le marché algérien sous forme
de médicaments génériques». «Une grande partie de ces médicaments sont déclarés
comme médicaments rares, alors qu'en réalité leur importation est interdite car
produits ou adaptés en Algérie».
Le syndicat des pharmaciens, quant à lui, maintient la même position en
précisant qu'il s‘agit d'une façon de minimiser le problème, tout en sachant
que ce sont les produits importés qui font l'objet de rupture. L'Etat agit par
des mesures d'urgence, alors qu'il faut s‘attaquer à cette crise dans le fond
par une réorganisation totale et une réforme du marché du médicament, argue le
syndicat. «L'Etat doit jouer un rôle de régulateur, imposer son autorité et
assurer un suivi de toute l'opération de commercialisation de ces produits
pharmaceutiques, de l'importation au stockage, à la distribution et jusqu'à la
vente dans les officines», a tenu à souligner le premier responsable du SNAPO.
Le syndicat insiste sur l'implication plus importante de l'Etat dans le marché
des médicaments, qui, estime-t-il, «est beaucoup plus entre les mains des
multinationales qu'entre les mains des Algériens». «De cette façon, nous sommes
en train de perdre ce marché qui a été trop libéralisé», souligne le même
responsable.
Si le ministre a reconnu l'existence d'une pénurie de certains
médicaments, il a aussi évoqué le problème financier de la pharmacie centrale,
chargée de la distribution des médicaments. Il a affirmé que cette structure a
des redevances estimées à 14 milliards de dinars et des dettes qui s'élèvent à
19 milliards de dinars. Il dira à ce propos que la pharmacie centrale
«bénéficiera de l'aide de l'Etat pour une meilleure efficacité en matière de
disponibilité des médicaments à l'ensemble des établissements hospitaliers.
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Posté Le : 21/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mokhtaria Bensaâd
Source : www.lequotidien-oran.com