Algérie

PÉNURIE DE MÉDICAMENTS



Les voyants sont au rouge
La liste des médicaments en rupture est longue. Elle dépasserait les 150 produits! Les médicaments se font rares dans les officines. Les professionnels du secteur pharmaceutique parlent de la rupture de stock sur le marché des médicaments. Un marché en effervescence depuis plus de six mois. Cette situation a été constatée juste après la décision du ministère de la Santé de signer les programmes d’importation bloqués depuis décembre 2007.Les pharmaciens que nous avons contactés, décryptent le sujet. Ils nous ont affirmé que les médicaments pour les maladies cardio-vasculaires, le diabète, l’hypertension, le cancer...manquent sur le marché national. Les quotas qui sont distribués de temps à autre (et de quel manière!) ne répondent pas à la demande ni à l’attente des malades. «Du moment que le problème s’est posé, des spéculations de toutes sortes voient le jour, cela au détriment de la sérénité des malades» a déclaré, sous couvert de l’anonymat, un responsable d’une officine de la rue Didouche Mourad à Alger. Selon lui, cette rupture est causée de manière volontaire. «Si cette rupture n’était pas voulue, comment expliquer alors la mise sur le marché de certains produits avant que les importations ne soient débloquées?» s’est-il interrogé. Le problème demeure entier, nous confie un autre pharmacien, pas loin de la Grande-Poste. «Le diktat des importateurs, l’augmentation de la facture du médicament et la non-maîtrise du marché par l’Etat font apparaître la vente concomitante des produits pharmaceutiques», a-t-il avoué. Alors pour acheter 2 ampoules du HGC 5000 (hormone gonadotrophine chorionique, secrétée uniquement chez la femme enceinte dès le début du développement de l’embryon aux environs du dixième jour de grossesse) qui coûtent quelque 467DA l’unité, les professionnels du secteur pharmaceutique doivent faire une commande de plus de 250.000 dinars. Comme nous l’avons constaté, ce n’est pas le HGC 5000 qui a coûté les yeux de la tête mais les autres médicaments que leur sont imposés avec une date de péremption qui avoisine un mois. C’est-à-dire des médicaments en fin de vie! Selon les pharmaciens que nous avons contactés, la liste des médicaments en rupture est longue. Elle dépasserait les 150 produits! «Le problème de disponibilité du médicament est actuellement réglé à 80%. Le cas des 20% qui restent sera définitivement réglé dans les prochains mois», déclarait le ministre de la Santé. Cependant, les pharmaciens ont apparemment cessé de croire au père Noël! Cette déclaration, faite par Saïd Barkat, a été critiquée par les pharmaciens: «Le problème dépasse le ministère», ont-ils insisté. Les pharmaciens d’El Biar ont soulevé un autre problème. Ils se battent contre certains médecins qui incitent les malades à consommer des médicament venus de France. Certains patients sont «hypnotisés» par les recommandations de leurs médecins, pourtant, selon leurs dires, le médicament arrivant de France est un produit de 3e choix. «De notre côté, on propose aux malades des médicaments génériques, ils sont efficaces et moins coûteux», ont-ils affirmé. Ces professionnels du médicament font de leur mieux pour prouver que le générique est aussi efficace que le médicament de référence. «En ma qualité de pharmacienne ayant plus de 20 ans d’expérience, je dirai que les produits de Saidal sont meilleurs par rapport aux médicaments de l’importation», a affirmé une pharmacienne. Il est intéressant de signaler que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a inscrit 4286 produits dans la nomenclature des médicaments dont environ 70% sont des génériques. La production locale satisfait 30% du marché. Les pharmaciens de la Casbah d’Alger ont soulevé un autre problème, celui des produits psychotropes. Ils ont déploré que la vente de ce produit, assimilé à une «drogue», soit porté sur le registre des pharmaciens. Toutefois, certains d’entre eux sont contraints de vendre ces comprimés sous la «menace» ou subissent des violences de la part des consommateurs délinquants. Ce genre de médicaments, selon les revendeurs d’officines «doit être accessible dans des pharmacies spécialisées». La problématique du médicament est à la fois simple et compliquée. Les vies humaines ne sont pas plus importantes que les petits calculs des commerçants, semble-t-il.


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