Algérie

Pente glissante



Avec la médiation qu?elle va entreprendre entre la Syrie, d?un côté, l?Arabie Saoudite et l?Egypte, de l?autre, à la demande la Ligue arabe, l?Algérie s?engage sur une pente glissante. D?abord, parce qu?il s?agit de concilier deux conceptions que les maîtres à penser actuels des relations internationales veulent antagoniques. Ensuite, il est nécessaire de prendre en compte les intérêts des uns et des autres. L?échec dans ce genre de missions est souvent le lot de la diplomatie qui méprise les normes modernes d?action et qui plonge dans le discours sentimental. La crise est si intense au Moyen-Orient que le moindre faux pas sera lourd de conséquences. Et ce ne sont pas les visites présidentielles protocolaires, qui s?entourent de folklore, qui donnent des résultats. Il en est de même de cette manière d?ignorer l?opinion publique et de ne rien dire. Le président Bouteflika a fait escale au Caire, de retour de Damas, sans que l?on sache l?objectif de la visite. Récemment, le ministre serbe de la Défense a visité Alger et a « salué » la position de l?Algérie par rapport à l?indépendance du Kosovo, province de la Serbie. Mais quelle est la position exacte de l?Algérie ? Aucun officiel n?a pris le soin de l?expliquer. On a également laissé le soin au ministre de l?Intérieur ? qui a dit s?exprimer à titre personnel ? de répondre à la demande de Rabat de rouvrir la frontière algéro-marocaine alors que la question relevait du ministère des Affaires étrangères. Ce ministère n?a toujours pas de porte-parole physique qui s?exprime à chaque fois qu?il le faut. L?efficacité d?une diplomatie est liée à la capacité de s?adapter aux règles de la transparence et de l?anticipation. Cela est attaché aussi à la maîtrise des dossiers et à la puissance de faire entendre sans trop peser. La diplomatie algérienne, qui a traversé une période de sommeil ces dernières années, manque de sang neuf. Elle a besoin de s?appuyer sur l?intelligence d?experts au fait de l?évolution du monde et de se débarrasser des archaïsmes. La diplomatie des messages aériens, que l?on pratique ces derniers temps lorsqu?un avion présidentiel traverse le territoire d?un pays, est morte. Comme celle des petits fours et des silences mal calculés. La diplomatie a besoin plus d?un cerveau et de deux mains pour se faire respecter. Elle doit avoir une personnalité aux traits clairs, ceux d?un pays qui sait où il va sur le plan géostratégique, qui connaît ses limites et ses faiblesses et qui a des objectifs précis à atteindre. L?Algérie, qui veut « crever l?abcès » des différends interarabes, aspire à se replacer dans une sphère instable. A sa charge d?essayer de dépasser les cafouillages et les pièges qui pullulent dans le monde arabe, car il est curieux que la non-désignation d?un président au Liban soit plus important que la destruction systématique d?un pays, l?Irak, et la mort lente d?un autre, la Somalie. L?absence d?un président à Beyrouth n?a pas empêché les Libanais de vivre. Mais le manque de nourriture et de médicaments accélère la mort d?enfants dans les camps de réfugiés irakiens, palestiniens et soudanais au Darfour. L?humain doit être au centre de toute diplomatie digne de ce nom.


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