Algérie - Poésie


Pensée à Idir

IDIR

Né le 25 octobre 1955, à Ait-Lahcen, le village le plus important des Beni-Yenni, où l'on fabriquait des armes, des bijoux d'argent ornés de filigranes, d'émaux et de corails , Hamid Cheriet a grandi à l'ombre du Djurdjura et de la guerre . Son grand-père, agriculteur puis colporteur, vendait des bijoux. Son père descendit à Alger pour travailler chez Samy, un hindou qui tenait boutique de souvenirs.

Le petit hamid va à l'école communale des Beni-Yenni, puis chez les pères blancs , Une enfance conforme à la légende, Les devoirs à la bougie. L'enfant des Beni-Yenni n'est pas un cancre . Les pères blancs lui imposent, comme à tous leurs élèves, de lire un livre par semaine et d'en donner un compte-rendu . De quoi se fabriquer une solide culture : de Villon à Rimbaud en passant par Ronsard , Marot , La Fontaine ,Victor Hugo... qui viennent s'ajouter à la tradition proprement berbère des poètes ; chaque village possédait le sien.
La passion de la musique se manifestera avec l'indépandance de l'Algérie (1962) et l'initiation à la percussion sur un jerrican d'essence de l'armée Française, un bidon Americain.

Hamid finit ses études secondaires chez les jésuites à alger, obtient son bac à 15 ans et demi, s'inscrit en fac de sciences pour devenir géologue, travailler plus tard dans le pétrole.
Il compose pour les autres. Sa musique ne ressemble pas à l'air du temps . La chanson traditionelle kabyle guitares sèches et percussions s'oppose aux dégoulinades de violons à la mode orientale. Pendant son service militaire comme officier de la révolution agraire à Blida, il doit remplacer à la radio, sur la chaine kabyle, l'interprète de sa chanson a Vava inouva .Raz de marée . Succès immédiat dans cette Algérie où de vétilleux censeurs veillent à ce que le particularisme berbère ne sorte pas de son maquis, cette complainte sonne comme un hymne. je t'en prie, père inouva ouvre-moi la porte / O fille Ghriba , je le crains aussi. Cet ogre, beaucoup le considèrent comme le symbole du pouvoir central . C'est le même ogre qui a fermé le musée d'art populaire kabyle fondé en 1963, à Tizi Ouzou, dans les bâtiments des services de l'Hydraulique.
En 1975 , Hamid il a pris pour pseudonyme IDIR (il vivra), comme les mères kabyles nomment les enfants fragiles vient poursuivre ses études à paris (maîtrise, D.e.a, puis l'Ecole des mines et doctorat) et continue d'hésiter entre les sciences et la musique.l'année suivante, il enregistre son premier disque.A Vava inouva devient un tube, un drôle de tube du genre darlidada, que tout le monde fredonne sans trop savoir de quoi il est question . La voix féminine qui se mêle à la sienne, c'est celle de sa soeur Djemila, Mila, qui n'en fera jamais son métier malgré la grâce de son timbre . En kabylie, des petites filles dansent sur cet air, un foulard sur les hanches.elles dansent la fierté d'appartenir à la communauté de ceux qui se nomment eux même les imazighen, les hommes libres.

Pour IDIR, le monde berbère ressemble à un empire qui s'étend des Canaries jusqu'à la Lybie, englobant l'Egypte, le nord du Tchad, le Mali, le Niger... Des noms de lieux s'y répètent de loin en loin.Une sorte d'Atlantide, dit-il, dont il ne reste que des îlots.D'ailleurs, nous avons dans notre tradition une Tin-Hinane (celle qui est sereine, celle qui sait), qui n'est autre que l'Antinéa du mythe raconté par Platon et plus près de nous par le romancier Pierre Benoit.

les chants des fêtes et des veillées funèbres, la flûte de roseau, la contemplation de la montagne, les figues-la jenjar ,d'un noir luisant, striée de blanc par éclatement de la peau, la lekak, qui se dresse au dessus de la feuille, la taverant, la première de la saison, la zin el-kadem , la beautée de l'esclave, la tamrauit, reine de la douceur...,la fontaine où les femmes se rassemblent, la djemaâ ( le forum ) où les hommes règlent les affaires du village et des clans. Pour lui la nostalgie, n'est pas un péché . Le mot vient d'ailleurs du vocabulaire médical et signifie à l'origine : mal du pays, désir violent de revoir sa patrie. Les pères blancs, se souvient-il, nous interdisaient de parler kabyle dans la cour. Je n'ai compris pourquoi que plus tard. Ils savaient qu'on parlait kabyle des que nous quittions l'école.leur but etait de nous donner un instrument intellectuel supplémentaire... Quand tu as une identité forte, tu n'as pas besoin de valeurs refuges. Jean amrouche, l'écrivain, disait: " je pense , j'écris en français, mais je pleure en kabyle." Dans la montagne il n'y avait pas de colons, pas de vignes, mais des écoles. Les gens émigraient, partaient travailler en France ou faisaient du colportage. Nous ne sommes pas plus intelligents que les autres.
Tout cela s'explique simplement par les conditions particulières auxquelles nous étions soumis. Et quand l'indépandance est arrivée, la réaction contr nous n'était pas d'ordre ethnique, mais elle etait le refus de structures qui nous mettaient en posture de pouvoir.Dans nos montagnes, on ne se hausse pas du col. Quand j'étais petit, mon grand-père me disait : " j'ai 80 ans. je ne suis pas allé à l'école ... On m'a dit que la Terre tournait. Je veux bien. Tant que tu ne pourras pas empêcher la terre de tourner, tu ne m'inpressionneras pas." Belle leçon de modestie. c'est vrai, reprend-il, j'ai connu le succès très vite . Mais cela est lié à ma vie, à ce que je suis et non à un personnage que j'interprète.

Passioné d'informatique et de technologies de pointe,Idir s'est construit un petit studio d'enregistrement.C'est dans son grenier aménagé en pensoir où il médite et compose ses chansons.

Le chanteur s'est enraciné à Vauréal, un village du val-d'Oise, dans une bicoque qu'il a achetée aux enchères à la chandelle en 1980. il y'avait des arbres autour, la forêt.



NB/ Il n'est pas né en 1955, mais en 1949
g s - FONCT - ALGER, Algérie

26/03/2014 - 185831

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