Algérie

Pensée 17 octobre 1994




Très cher Réda,
C'était un lundi, comme ce lundi 17 octobre 2011 et
nous l'appelâmes le «lundi noir» comme  celui d'aujourd'hui.
17 octobre 1994
Tout à  l'heure mon ami,
ils viendront t'assassiner et je ne le sais pas encore.
Tout à  l'heure mon ami,
la nouvelle déchirera le ciel
Et je ne le sais pas encore.
Tout à  l'heure mon ami,
je devrais me résoudre  à  parler  de toi à  l'imparfait
et je ne le sais pas encore.
Tout à  l'heure mon ami,  
ils feront de ton fils un orphelin
et je ne le sais pas encore.
Tout à  l'heure mon ami, le bruit de tes clefs dans la serrure
ne se fera plus entendre,  et je ne le sais pas encore.
Tout à  1'heure mon ami,
tu ne me diras plus jamais :
«Alors comment s'est passée ta journée '».
Tout à  l'heure mon ami  
il me faudra dire : «Il était», «il fut», et parler de toi au passé est le plus dur.
Il est 15h45 minutes, ce lundi 17 octobre 1994 et je sais à  présent que je ne te reverrai plus.
En ce «lundi noir», ma vie vient de basculer dans le néant.
Ton fils aura vingt ans dans quelques jours et tu ne seras pas là. Pourtant, je serre les dents parce que je me dis que l'Algérie de Larbi Ben M'hidi, de Abane Ramdane, de Djamila Boupacha jugera et condamnera tes assassins. Je me dis que la République éprise de liberté ne pardonnera pas. Je me dis .....
Lundi 17 octobre 2011
En ce «Lundi noir» mon ami, je me recueillerai sur ta tombe pour te dire que je me suis trompée.
Lourdement trompée.
Tes assassins et tous ceux qui leur ressemblent ont été blanchis, pardonnés par leur président qui en a fait des «citoyens».
Cela a pour nom : «La charte de l'impunité et de la honte».
Les thuriféraires la connaissent bien, puisque de leurs strapontins consultatifs ils la défendent bec et ongles.
Moi je  la subis chaque jour comme ton autre
assassinat.
Cher Réda, aujourd'hui je fleurirai ta tombe et ne cesserai jamais de dire que le pardon est une sinistre plaisanterie, quand l'assassin est gras, bien nourri, enrichi et qu'il mène une vie prospère.
Aujourd'hui, je te referai le serment de ne jamais pardonner. Le 17 octobre 1994 demeurera en moi une blessure indélébile.
Aujourd'hui 17 octobre 2011, je prie parents et amis du Dr Mohamed Réda Aslaoui de s'associer à  cette pensée en hommage à  l'homme généreux et loyal qu'il fut.
Sans oubli, sans pardon.
Ton épouse
Leila Aslaoui - Hemmadi


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