Algérie

Pendant qu'elle s'est apaisée



Pendant qu'elle s'est apaisée
L'accalmie, au demeurant précaire, qui s'est réinstallée à Ghardaïa, est une opportunité pour les autorités de réfléchir à des solutions autrement plus pérennes et mieux adaptées pour que des situations de désordre, sinon de désobéissance, ne se déclarent à l'avenir. Les affrontements enregistrés dans cette contrée du pays alertent les consciences. C'est d'autant plus inquiétant que les affrontements remettent en cause des liens sociaux sur fond de disparition des espaces de médiation, nécessaires pour dépasser ces moments de trouble.Sans vie politique réelle et représentative, le pays ne peut guère offrir autre chose que des comportements de violence. C'est incontestablement ce néant qui donne naissance à ce genre d'expression. A force d'étouffer tous les espaces politiques empêchant la société de s'exprimer, les individus, comme les collectifs, n'ont comme recours que ce genre d'action. Ce n'est pas le rituel partisan des appareils sans connexion avec la population qui ferait croire à une représentation réelle de la société. Remplacés par des réseaux de clientélisme et de distribution de la rente, ces espaces politiques ne remplissent plus leur mission naturelle. Ils ont même perdu toute leur substance politique pour se découvrir de nouveaux «rôles».Il est ainsi difficile de voir de véritables représentants du peuple au sein des instances de décision, aussi bien dans la quasi-totalité des formations politiques que dans les Assemblées populaires. Cette situation a vite signé la rupture entre le citoyen et les instances censées le représenter et défendre ses droits. Ce que vit le pays est manifestement la conséquence d'un vide politique qui a fait oublier aux décideurs l'obligation d'écouter le citoyen.La faillite des «politiques» se situe également dans cette incapacité à voir venir s'exprimer une colère populaire latente depuis un certain moment. Cette colère intériorisée a fini par se manifester sur les places publiques. Le vide politique, de mise depuis deux décades, a retiré aux instances et institutions toute capacité d'agir. Elles sont transformées en corps sans âme, juste utiles pour «bouffer» l'argent public dans une conjoncture d'embellie financière jamais vécue, sans que cela ne se répercute sur le bien-être des Algériens.Dans la vie de toute société, cette exaspération populaire ne peut être saisie que par des acteurs politiques et syndicaux. La disparition de ces acteurs, ou leur musellement dans certains cas, favorise l'expression à laquelle ont eu recours les jeunes des quatre coins du pays pour protester. Le rôle des espaces de médiation, traditionnellement occupés par des politiques et des organisations représentatives, ne saurait être assuré par l'énigmatique société civile, ni par les traditionnelles notabilités plus que jamais devancées par de nouvelles formes d'organisation de la société.A. Y.




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