Les déclarations
qui ont précédé la campagne de pèlerinage de cette année ont fait miroiter «les
mille et une nuits», mais ont fini par offrir un véritable enfer qui empêchera
beaucoup de nos pèlerins d'accomplir normalement le rite. Le calvaire vécu par
nos hadjis est rapporté par la presse qui souligne, dans son ensemble, la
grande part de responsabilité de l'Office du pèlerinage et des deux agences
retenues par les pouvoirs publics, dans les difficultés rencontrées par nos
pèlerins durant leur séjour en terre sainte.
De l'avis de beaucoup de pèlerins, la mission
algérienne de pèlerinage, censée accorder un encadrement approprié notamment
aux personnes âgées et malades, s'est vite confondue, comme à l'accoutumée, aux
pèlerins et a disparu dans la nature.
Devant cette multitude d'insuffisances et de
carences répétées qui portent un grave préjudice à l'image de notre pays et aux
intérêts de nos pèlerins, les pouvoirs publics sont interpellés pour revoir
sérieusement leur copie et décider de mesures nouvelles susceptibles de mettre
fin à ces « voyages vers l'inconnu ».
La première question qui mérite une réponse
rapide est de savoir si l'office nouvellement créé était la bonne solution pour
dépasser le schéma sclérosé suivi par la défunte commission nationale de
pèlerinage, même s'il faut reconnaître au passage que cette dernière a fourni
un travail « acceptable » au regard des moyens mis à sa disposition et des efforts
déployés qui ont évité, durant de longues années, les situations
catastrophiques enregistrées ces derniers temps.
La deuxième question que les pouvoirs publics
devraient se poser est de savoir si les graves insuffisances répétées chaque
année sont le résultat de l'absence de définition d'une stratégie
d'organisation de ces voyages et de l'absence de coordination intersectorielle
dans la préparation de ce dossier ? Ou bien s'agit-il de la poursuite de ce «
télescopage » permanent entre personnes ? Ou bien s'agit-il des implications
d'un cahier des charges dont le contenu mérite d'être rapidement revisité par
des juristes, des inspecteurs de l'IGF et des magistrats pour préserver les
intérêts de la partie algérienne face à certains opérateurs saoudiens sans
scrupule ?
La révision du mode organisationnel actuel
est devenue une urgence qui doit impérativement tenir compte des exigences de
transparence et d'efficacité. Le ministère des Affaires religieuses dispose
pourtant d'une longue expérience dans ce domaine et de cadres compétents
capables de mettre leurs connaissances à la disposition de cette action.
Les autres secteurs, et principalement la
Protection civile, intégrée à juste titre et pour la première fois dans le
dispositif d'intervention en 2008, les Affaires étrangères, la Santé sont
également en mesure d'apporter leur contribution à la définition de cette
nouvelle démarche.
L'amélioration des conditions de séjour de
nos pèlerins passe également par la définition des missions des intervenants et
la mise en place de mécanismes rigoureux de contrôle des conditions de
négociation et de conclusions des contrats, de rationalisation des dépenses de
location, de gestion, d'équipement et de maintenance des locaux. Le conseil
d'administration de l'office ne fonctionne que partiellement en raison des
conflits de personnes qui sont de nature à maintenir la situation en l'état si
les autorités concernées ne prennent pas rapidement les décisions qui
s'imposent.
Les relations office-pèlerins ou
agence-pèlerins devraient, quant à elles, être régies par des contrats écrits
que les réflexes des responsables en charge du pèlerinage n'ont pas encore
intégrés dans la démarche actuelle qui a montré ses limites, mais qui a
favorisé l'apparition de pratiques douteuses.
Ces contrats pourraient comporter, entre
autres, les coordonnées de la chambre d'hôtel réservée au pèlerin à Médine et à
La Mecque (adresse, étage, n° de chambre, n° téléphone, distance du Haram,
superficie, liste des personnes affectées dans cette chambre). Ce document
pourrait éventuellement préciser le numéro du camp de toile à Arafat et à Mina
réservé au pèlerin, ainsi que la liste nominative, avec les coordonnées
(téléphones portables) des membres de l'encadrement et des médecins
responsables du pèlerin durant tout son séjour. Enfin, un guide d'orientation
et d'information comportant toutes les informations sur les droits et
obligations du contrat entre l'office ou l'agence de voyage et le pèlerin.
Cela est certes insuffisant, mais constitue
un bon départ pour de nouvelles relations entre l'office, les agences et les
pèlerins qu'il est urgent de définir.
D'autres mesures sont nécessaires, dont
l'importante implication de notre réseau diplomatique et consulaire à
l'étranger pour accompagner utilement nos ressortissants dans la préparation de
leur voyage à La Mecque.
L'important est que le gouvernement donne un
signal fort en annonçant l'installation d'un comité ad hoc qui devra remettre
rapidement ses conclusions et ses propositions à la lumière de l'état des lieux
qui sera ainsi établi. Les pèlerins sauront à leur retour qu'ils ont été
entendus.
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Posté Le : 25/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Bendifallah Mohamed A Djamel
Source : www.lequotidien-oran.com