Exposition de Karim Sergoua Depuis jeudi dernier se tient au 116 rue Sfindja (ex-Laperlier) une exposition de peinture de l?artiste-peintre Karim Sergoua. Elle est abritée dans une villa en chantier. L?exposition dure jusqu?à aujourd?hui. Elle présente au public 43 ?uvres, la plupart composées sur du bois, une matière morte dont l?artiste, grâce à ses touches, a insufflé une espèce de reviviscence. Où l?imaginaire et la réalité se confondent pour traduire des contrastes qui se chevauchent et s?imbriquent dégageant des atmosphères sombres et opaques. Signes des tréfonds obscurs d?une humanité égarée dans la logique de l?irrationnel d?un monde qui demeure enfant.L?exposition est intitulée « Tlata » (trois). Pourquoi ce chiffre, et pourquoi cette prédilection pour le bois pour en faire des ?uvres d?art ? « Le chiffre trois a pour moi une dimension magique entre autres. Cela signifie pour schématiser, la trinité, les trois religions monothéistes, les trois couleurs primaires. Je travaille sur tout ce qui est récupérable, à l?exemple du bois, du métal et du carton. Mais je préfère le bois, car, à mon sens, il répond au geste. On peut s?arrêter là où on veut », explique Karim Sergoua, rencontré sur les lieux. L?artiste a pris pour thème l?Algérie abordée en trois périodes. La première a trait à la période de 1988, avec ses tragédies et ses espoirs qui ont fini par fondre comme des flocons de neige. C?est ce qui est reflété dans le tableau. « Autoportrait V ». La couleur dominante est le blanc, signe « de la pureté et de la naïveté ». Des figures inexpressives sont traversées par des bandes blanches. « Après les événements de 1988, des associations ont été créées, on parle de liberté d?expression et de création. Des espoirs qui ont vite fini par se volatiliser. Il s?agit en fait d?un leurre, d?un mensonge. En plus, au moment où on parlait de ces espoirs, des intellectuels s?exilent. Ils ont anticipé sur la suite des événements », constate le même interlocuteur. Suit la période de la crise et de ses conséquences tragiques ayant sévi dans les années 1990. C?est ce qui se dégage du tableau « Fenêtre III », entre autres. Derrière la fenêtre, on distingue une figure et tout autour d?autres figures et des signes (lettre X). Cela traduit le mensonge, la majorité silencieuse et l?anonyme. Un monde où Dieu est absent, de surcroît toujours mineur et qui s?achemine vers le néant. La troisième étape traite de la période actuelle. Parmi les tableaux qui la reflètent, est relevée l??uvre Je ne comprends plus rien, composée de plusieurs couleurs et de figures géométriques et humaines, traduisant des contradictions sociales produites par des valeurs biaisées, conséquences de leurres sempiternellement cultivées, érigées à leur tour en valeurs. « Aujourd?hui, nous récoltons ce qui a été semé dans les années précédentes. On nous berne en nous promettant un avenir meilleur. Qui est responsable de toute cette situation ? On continue à cultiver l?amalgame quant à déterminer les responsabilités en conséquence », indique la même voix. La peinture de Karim Sergoua traite du néant, du chaos et d?une paix qui annonce le pire. Certains tableaux sont chargés de couleurs chatoyantes. Un monde en mouvement destructif. D?autres ?uvres sont avares de couleurs. Les touches chromatiques sont sombres, silence qui accompagne le repos des forces nihilistes en quête de nouvelles énergies pour perpétuer la logique du néant.
Posté Le : 10/12/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amnay Idir
Source : www.elwatan.com