Algérie

PEINTURE



Après des années de polémique, la Fondation Barnes et sa remarquable collection de toiles impressionistes ouvre dans de nouveaux locaux à Philadelphie, déterminée à montrer qu'elle n'a rien perdu de son âme dans la tourmente.
Le succès est au rendez- vous : les tickets d'entrée pour les 10 premiers jours — gratuits pour le public — ont déjà tous été distribués pour redécouvrir ce musée inhabituel qui met en scène la collection, estimée à 25 millions de dollars, du richissime et excentrique pharmacien Albert C. Barnes (1872-1951). Elle compte plus de Cézanne que les musées parisiens. S'enorgueillit de 181 Renoir, 59 Matisse, 46 Picasso, 11 Degas, 21 Soutine, en plus d'œuvres classiques et modernes, de Rubens, Titien, Utrillo, Demuth... et une très belle section d'art africain et d'objets décoratifs. L'idée d'Albert C. Barnes était audacieuse : présenter ses œuvres, initialement dans sa galerie de Merion, à l'extérieur de Philadelphie, non pas de façon chronologique, ou par style, ou par nationalité, mais par ensemble composé en fonction de la lumière, des couleurs et de l'espace. En revanche, il avait aussi fixé des règles draconiennes dans son testament : la galerie ne pouvait être ouverte que deux jours par semaine, et les œuvres ne pouvaient pas être prêtées. D'où les polémiques qui s'en sont suivies, les listes d'attente de visiteurs de plusieurs mois et les difficultés financières, liées aux horaires d'ouverture restreints et à des problèmes de gestion, mises en lumière à la fin des années 90. «Aujourd'hui, la Fondation Barnes est plus stable et plus solide que jamais», a commenté mercredi Joseph Neubauer, vice-président du conseil d'admnistration de la Fondation, à l'occasion d'une présentation à la presse de ses nouveaux locaux, dans l'est de la ville. «Les œuvres n'ont jamais été dans un meilleur cadre». L'agencement peut sembler éclectique. Dans une salle, un Picasso est présenté entre deux œuvres religieuses non encadrées du XIXe siècle, signées de peintres du Nouveau- Mexique (sud-ouest des Etats- Unis). Dans une autre pièce, les œuvres sont agencées en croix, mélangeant artistes chinois non identifiés et maîtres italiens du XIIIe siècle. Mais les amateurs adorent. Chaque salle du nouveau bâtiment est la réplique exacte de ce qui existait à Merion, pour satisfaire aux exigences des défenseurs de Barnes, qui avaient hurlé à la trahison, et de son testament. Le pharmacien y avait en effet stipulé que toutes les toiles devaient «rester exactement à l'endroit où elles (étaient) au moment de (sa) mort». Mais la taille a changé : les nouveaux bâtiments sont huit fois plus grands que les précédents, avec des salles de classe et des jardins. «Je pense que nous avons créé un environnement serein pour une collection extraordinaire », explique Billie Tsien, un des architectes. Le bâtiment reçoit également plus de lumière naturelle. Certains amateurs ont même cru à tort que les peintures avaient été nettoyées. Il permet d'accommoder 225 000 visiteurs par an, comparé à la capacité précédente de 62 000 visiteurs, laissant espérer qu'il ne sera plus nécessaire de réserver des mois à l'avance. Au final, ce déménagement, dont les partisans avaient plaidé que c'était la seule façon de sauver la collection et de garder son indépendance, aura pris dix ans et devrait permettre à l'institution d'améliorer ses finances. A l'époque, «nous étions bien seuls quand nous avons pris cette décision», se souvient Stephen Harmelin, trésorier de la Fondation. Mercredi, ils n'étaient plus qu'une poignée à protester encore devant les nouveaux bâtiments.




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