Algérie

Péchés de jeunesse



«Une faute avouée est à moitié pardonnée.» Anonyme
Ce qui se passe sur les plateaux de télévision de l'autre côté de la mer est édifiant à plus d'un titre. Les débats qui s'y déroulent concernent tous les sujets: économie, politique, littérature, arts, tourisme. On ne recule devant rien pour accrocher le téléspectateur. Et dans les talkshows, ce sont les hommes politiques qui sont le plat de résistance des animateurs qui se piquent au jeu de mettre sur le gril leur invité du jour. Cette société ouverte permet aux intervenants de briser tous les tabous et d'offrir au téléspectateur de friands détails ou des anecdotes savoureuses ou sulfureuses sur un invité qui a atteint un certain stade de notoriété et de respectabilité (sans cela, il ne mériterait pas de figurer sur un plateau). Les situations, qui, souvent, intéressent Monsieur Tout-le-monde, concernent en général le passé lointain de l'invité. Plus elles sont anciennes et plus elles sont révélatrices du caractère de l'invité qui se prête au jeu de la vérité au nom d'une certaine transparence considérée comme vertu cardinale dans une société où les médias sont libres. Ainsi, certains hommes politiques n'hésitent pas, avec une certaine coquetterie ou une fausse pudeur, à parler de leurs amours de jeunesse ou de leurs aventures sentimentales, histoire de montrer qu'ils sont comme tout le monde et que sous leur carapace d'homme politique qui les aide à supporter toutes les attaques ou à amortir les coups, il y a un coeur qui bat. Il y en a même qui se fendent d'une petite confession, avouant avoir, par un jour de cafard ou par curiosité, fumé un joint. Cela leur attire une certaine sympathie de la part du public dont les plus mûrs sont déjà passés par là ou des plus jeunes qui sont en train de vivre cette étape de la vie où l'on se cherche encore à tâtons. Mais ce qui embarrasse le plus quelques hommes politiques, ce sont leurs pérégrinations politiques: certains peuvent se prévaloir d'un nomadisme continuel qui trahit soit un certain manque de maturité qui donne des idées bien assises, soit une incertitude, soit un opportunisme déclaré. D'autres affichent des parcours qui vont de l'extrême gauche à la droite bien-pensante. Evidemment, cela est compréhensible: quand quelqu'un est jeune, il est spontané et son esprit n'est pas encore pollué par la recherche du profit à tout prix et sa générosité naturelle l'invite à militer pour une société de partage. Mais quand il commence à goûter au confort et aux plaisirs que procure l'argent, il est victime d'un glissement progressif vers ces partis conservateurs où l'on adore le veau d'or. Certains avouent avoir été maoïstes, d'autres moins nombreux confessent sur le bout des lèvres ou à demi-mot, avec un regard fuyant et une tape sur le genou qu'ils ont adhéré au parti communiste. Ils essaient de se justifier en disant que tout cela est bien fini et que le communisme est mort et enterré, victime des errements de ses dirigeants, et qu'il faut tourner la page. Cette attitude a été observée un peu au lendemain de l'intervention soviétique en Hongrie puis en Tchécoslovaquie, et beaucoup après la chute du mur de Berlin. Les partis communistes ont alors subi une grave hémorragie. Ce communisme honteux, on en a hérité beaucoup dans notre pays, surtout quand il s'agit d'honorer la mémoire de militants qui ont sacrifié leur vie pour l'indépendance de l'Algérie. Les gens qui viennent s'incliner devant la mémoire des gens comme Henri Maillot, Fernand Yveton, Maurice Audin et Maurice Laban sont de moins en moins nombreux et ceux qui parlent de ces cérémonies de plus en plus clairsemées évitent de parler du parti auquel ont appartenu ces hommes courageux: une consoeur a résumé, il y a quelques jours, la biographie de l'unique décapité de souche européenne sans citer une seule fois sa qualité. Qui peut pousser alors Felix Collosi ou l'Argentin à se solidariser avec des Algériens sinon cet internationalisme qui a fédéré tant de bonnes volontés'


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)