Algérie

Pêche illicite du thon rouge : Un procès en dédales à Annaba



Le 13 juin 2009, les gardes-côtes de Annaba arraisonnaient trois unités navales turques qui « assistaient » des thoniers algériens. Deux armateurs algériens et 6 turques ont été accusés d'infraction à la réglementation de pêches et d'évasion de la marchandise, tandis que le secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (MPRH) et le DPMO ont été accusés d'infraction à la réglementation et de trafic d'influence. Au départ déjà, le dossier de l'affaire s'est avéré très technique dans ses aspects réglementations et procéduriers.Ce qui a compliqué la tâche des juges qui avaient à situer les responsabilités des uns et des autres dans l'octroi des autorisations aux armateurs algériens et turcs qui ne devaient pas théoriquement en disposer selon les mesures arrêtées et les décisions prises pour la campagne 2009. Hier, à l'ouverture du procès, le juge Farès Sebti a, tour à tour, interrogé les accusés et fait citer les témoins pour reconstituer les faits sur le fond et la forme des mesures réglementaires arrêtées dans la préparation de la campagne 2009 en la comparant par exemple à celle de 2008. En effet, s'est-il interrogé, pourquoi l'armateur Saâdane, qui n'aurait pas eu d'autorisation pour 2009, était éligible à la campagne de 2008, mais qu'il a été éliminé de celle de 2009, alors que les critères de sélection sont les mêmes. Le juge a encore demandé de quelle manière les navires turcs ont été eux autorisés, comme ils l'affirment mordicus.Le SG du ministère explique qu'il a été sollicité aussi bien par Saâdane et son associé, qui reconnaissent que les Algériens n'ont pas les moyens pour pêcher sans assistance étrangère, que par les Turcs avec l'intervention de l'ambassadeur en personne. Le juge a ensuite passé en revue les procédures employées dans le cadre de la préparation et du contrôle de la campagne de pêche du thon rouge. Le DPMO et ses collaborateurs ont eu à expliquer en détail les procédures, qu'elles relèvent des recommandations de l'ICCAT ou du fonctionnement interne du MPRH ou encore des relations avec les autres services, notamment le Centre national de l'organisation des secours et de la surveillance (CNOSS). Selon le SG, ce serait avec le concours de la Chambre nationale de la pêche et de l'aquaculture que sont sélectionnés les armateurs qui bénéficient des autorisations de pêche. Ainsi, la liste des bateaux qui est adressée à l'ICCAT et la répartition du quota national échapperaient en partie au MPRH. A la barre, les Turcs ont parlé de complots à cause de leur réussite qui a fait des envieux. Le SG du ministère a reconnu implicitement, contrairement à ses précédentes déclarations à la presse, l'arbitraire de la décision de limoger le DPMO pour le motif d'avoir favorisé les propriétaires des thoniers Balkis Dounia et Serena Myriam en les inscrivant sur la liste ICCAT.En effet, il a déclaré qu'il avait effectivement donné son accord, car pour lui, il s'agissait de navires neufs, payés entièrement sur fonds propres et qu'il souhaitait inscrire le plus d'unités possibles pour le développement du secteur. C'est ensuite qu'il aurait appris que les bateaux présentaient des doutes sur leur origine. Les propriétaires, qui sont de farouches opposants à la politique menée par le MPRH s'en défendent et parlent de cabale. A l'heure où nous mettons sous presse, le procès se poursuit toujours.


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