Algérie

Pêche, aquaculture et corail


Alors que les principaux acteurs de la pêche et de l'aquaculture attendent depuis des années la publication de la loi 01.11 modifier par la loi 08.15, se multiplient les appels à destination des opérateurs économiques à investir dans l'aquaculture continentale et maritime. Ils émanent du ministère de l'Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche Halieutique (Madrph). Il est même question de relance de l'exploitation du corail dès 2018.Ce que confirme la déclaration du secrétaire général du Madrph, Belkacem Chadi. Il a affirmé que cette dernière activité ouvrira des perspectives importantes avec l'identification de nouveaux gisements corallifères. Si ces décisions n'ont pas été contestées par les pêcheurs et les aquaculteurs, il n'en demeure pas moins qu'à ce niveau, l'on s'est étonné que de par leur qualité de principaux acteurs du secteur, ils n'aient pas été associés à la démarche. C'est d'ailleurs ce qui ressort de la déclaration d'un des représentants du syndicat national des pêcheurs : «Les précédentes années, particulièrement sous la direction du secteur par le ministre Ferroukhi, rien ne se décidait sans l'avis des professionnels. Aujourd'hui, alors que les textes ne sont pas encore publiés, le ministère invite les gens à investir dans l'aquaculture continentale et maritime C'est à croire que nous les gênons beaucoup.» Cette dernière phrase est lourde de sens quand on sait que les précédentes années, les activités de la pêche ont été caractérisées par une multitude de scandales. L'affaire du trafic du thon en est une des plus importantes. Elle a été à l'origine de la mise sous mandat de dépôt de plusieurs cadres supérieurs dont le secrétaire général et un inspecteur général du Madrph, la saisie de 3 thoniers turcs et l'interpellation judiciaire de leurs propriétaires. Au même titre qu'un thonier algérien, tous avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Annaba, à différentes peines de prison. Le dossier du corail avait été également un véritable brûlot. Particulièrement dans la wilaya de Tarf à l'Est du pays où utilisant des herses, les trafiquants avaient raclé de nombreuses zones coralliaires d'El Kala pour les détruire irrémédiablement. Bien qu'identifiés, les groupes d'individus composant la mafia locale du trafic du corail en liaison avec celle tunisienne, sicilienne et italienne, sont toujours en activité. Ce qui donne plus de poids à l'étonnement des uns et des autres pêcheurs et aquaculteurs et même d'anciens corailleurs sur la célérité du ministère à prendre des décisions sans impliquer de près ou de loin les principaux acteurs. Notamment ceux concernés par l'exploitation du corail. «Les conditions et modalités d'élaboration du programme et d'ouverture des périmètres d'exploitation du corail après 16 années de fermeture, ont été fixées par deux arrêtés ministériels publiés au Journal officiel n° 23. Pour le quota annuel maximum autorisé par concession, il est au prorata du nombre de concessionnaires. Deux zones ont été constituées l'une à l'Est comprenant Annaba et El-Kala et dont le périmètre d'exploitation se prolonge jusqu'à la frontière algéro-tunisienne. L'autre à l'Ouest avec Skikda et Jijel. Il est précisé que la pêche du corail est ouverte durant toute l'année pendant cinq ans maximum, au bout desquelles les périmètres d'exploitation seront fermés et mis en jachère pour une période minimum de 20 ans. Un processus d'adjudication permettra aux opérateurs de déposer leurs soumissions. Toutes ces dispositions interviennent 16 ans après la décision de suspension suite à une surexploitation de la ressource. Crise économique oblige, le ministère a donc décidé de relancer l'exploitation de cette manne à même de permettre au pays de renflouer quelque peu ses caisses. Il reste cependant, que cette décision remettra également en circuit, les braconniers. Surtout ceux de la zone Est très actifs et très expérimentés dans le domaine du pillage des ressources coralliaires des côtes d'El Kala dans la wilaya de Tarf. Au vu de ce qui se passe dans le secteur de la pêche, la redynamisation des activités halieutiques n'est pas pour demain malgré les décrets et les circulaires. On en a pour preuve les importantes quantités de poissons bleus jetés par-dessus bord pour maintenir la cherté du produit. Le trafic du corail qui n'a pas cessé depuis toujours. Faut-il croire que cette fois-ci c'est la bonne ' Il faut le croire à la lecture de la nouvelle loi sur la pêche et l'aquaculture, promulguée en 2015. Notamment en termes de sanctions contre les personnes qui pêchent le corail sans document de concession, celles qui ne tiennent pas de registre de plongée, dépassent le quota annuel autorisé ou quiconque exporte le corail à l'état brut ou semi-fini. Le ministère reste muet en ce qui concerne les moyens humains et matériels de lutte mis en place. De là à dire que les trafiquants de corail, de la pêche et de l'aquaculture seront plus nombreux, n'y a qu'un pas. Les syndicats des activités de la pêche maritime et continentale et les spécialistes du corail, l'ont franchi. Ils ont affirmé que les nouvelles dispositions émises par le ministre confirment le retour à la case de départ.
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