Algérie

Pays fréquentables et pays non fréquentables



Pays fréquentables et pays non fréquentables
Il y a encore quelques mois, la perception du monde arabe était plutôt simpliste en Europe, voire superficielle. Pour la majorité des citoyens, le monde arabe se divisait en deux. D'un côté les pays fréquentables comme la Tunisie, le Maroc, l'Egypte et la Jordanie et de l'autre, le reste. Dans les pays dits fréquentables qui vivent du tourisme et pour certains presque exclusivement, l'étranger est choyé, il est l'objet de toutes les attentions aussi bien de la population que des pouvoirs publics. Une fois chez lui, une fois que les vacances sont terminées, le touriste allemand ou néerlandais ne tarit pas d'éloges sur les gentils Tunisiens, les gentils Marocains et les dizaines d'Egyptiens, tout aussi gentils, qu'ils ont croisés en cours de route ou au pied des pyramides. Mais ils fermeront pudiquement les yeux sur la chape de plomb qui pèse sur ces gentils habitants et le mépris de leurs dirigeants.
Après tout, ils n'ont pas économisé sou par sou pour gagner ce voyage dans le seul but de juger la politique menée par ces potentats. Ils sont venus pour la plage et pour s'éclater, un point c'est tout. Quant aux autres pays dits infréquentables et que les tour-operators ont classés comme peu sûrs, les étrangers les appréhendent pour un tas d'autres raisons. L'Arabie saoudite par exemple, pour sa morale rigoureuse et l'absence d'alcool, le Yémen pour son manque d'infrastructures et ses camps d'Al-Qaîda, la Syrie pour son peu d'empressement à accueillir des touristes. Quant aux monarchies du Golfe dont 60% de la population est émigrée, elles restent inaccessibles à leurs yeux dans la mesure où elles découragent le tourisme de masse au profit du tourisme haut de gamme. Dans un cas comme dans l'autre, les Arabes deviennent, à travers la grille de lecture des Européens des citoyens politiquement inclassables dès lors qu'ils supportent sans broncher leur mal-vivre, leur misère, leur marginalisation du monde démocratique et son modèle de gouvernance.
Et fatalement, ces citoyens se comparent aux Européens qu'ils voient vivre et s'épanouir toutes les années au moment de leurs vacances et se rendent compte que le fossé qui les sépare est immense. Oui, Sarkozy avait raison quand il disait à propos de la Tunisie : «On n'a rien vu venir»'
La Révolution du jasmin déclenchée en février a effectivement pris tout le monde de court' Personne ne s'attendait à de telles manifestations populaires et à une telle volonté de changement. Après «Ben Ali dégage», ce sera au tour de «Moubarak dégage» avec la même volonté d'en finir avec des hommes qui se sont rempli les poches et qui les ont privés de liberté. Bahreïn, le Yémen, aujourd'hui la Syrie avec un Bachar Al-Assad qui s'accroche de toutes ses forces au pouvoir, le monde arabe bouge, change, corrige ses erreurs, rectifie, bref se cherche et il finira bien par retrouver sa plénitude. Son image longtemps ternie n'en sera que plus vraie.
Entente
Il a été largement répandu en Europe et même en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, que les Arabes se sont entendus une bonne fois pour toutes pour ne pas s'entendre. Mais les événements politiques de ces derniers mois témoignent de tout le contraire. Hamas et OLP se sont mis d'accord pour s'unir après plusieurs années de divorce qui n'ont pas fait évoluer la cause palestinienne d'un iota. Les nouveaux maîtres de l'Egypte ont ouvert leur frontière avec la Palestine jusque-là isolée du reste du monde et pratiquement étouffée. L'Algérie et le Maroc, selon ce qui se dit avec insistance sans être démenti, seraient à la veille d'ouvrir leurs frontières fermées.


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