Depuis le début de l'interminable et sanglant conflit syrien, la question hante les Libanais : le pays parviendra-t-il à éviter d'être entraîné dans la guerre ' Ce n'était pas une interrogation fondée sur quelque chose d'hypothétique, le jeu politique libanais comporte des lignes de clivage qui épousent totalement le jeu des puissances étrangères. Or, le conflit syrien a pris rapidement une dimension géopolitique sur fond de clivages communautaires qui l'a rendu inextricable. Le facteur extérieur est devenu surdéterminant dans le conflit syrien.Le Liban présente, lui aussi, les mêmes lignes de fracture communautaire et les acteurs politiques sont totalement inscrits dans les démarches stratégiques étrangères. L'inquiétude est donc réelle de voir le feu syrien rallumer les braises, mal éteintes par les accords de Taëf de 1989, de la guerre civile qui a meurtri le Liban durant quinze années de cauchemar. Après les attentats terroristes qui ont visé la banlieue sud de Beyrouth et Tripoli, le président libanais, Michel Sleiman, a appelé les forces politiques à faire preuve de responsabilité, à sortir de la situation de blocage actuel et à aller rapidement à un gouvernement rassembleur et à une reprise, sans conditions, du dialogue national. Et, c'est bien parce qu'il connaît la fragilité interne du Liban et son extrême réceptivité aux incitations et aux manipulations extérieures qu'il tente, encore une fois, d'amener la classe politique à faire preuve de responsabilité et à «libaniser» leur démarche.
Dans un message diffusé samedi en direct à la télévision libanaise, Michel Sleiman a tiré la conclusion la plus juste de ces attentats qui cherchent littéralement à faire exploser le pays. Il a demandé aux Libanais de «transgresser toutes les considérations extérieures » pour ne pas retomber dans les divisions et replonger dans la guerre civile. C'est en effet la voie la plus juste mais elle n'est pas, encore, la plus faisable dans un Liban où la politique nationale s'est depuis très longtemps «internationalisée» dans le plus mauvais sens du terme. Cette tendance est très largement accentuée par le fait que le système en place reste archaïque, fondé sur un partage communautariste du pouvoir qui entrave l'émergence d'une citoyenneté libanaise. Mais c'est sans doute la terrible proximité des risques et des «périls, surtout terroristes, qui encerclent la patrie… sans parler de la persistance des menaces et des violations israéliennes» qui pousse le président libanais à demander aux politiciens libanais de transcender leur fâcheuse habitude à fonder leur démarche politique sur la base des «conseils» extérieurs.
Il s'est en effet adressé spécialement «aux hommes politiques, aux leaders d'opinion et aux instances religieuses» pour les appeler à faire dans l'apaisement et la modération. Le message s'adresse également aux médias qui ont tendance, parfois, à fonctionner sur des rumeurs dont l'impact sur l'état d'esprit des populations est sérieux. «J'appelle tout le monde, sans exception, à adopter une attitude courageuse et à prendre une décision nationale responsable qui se distancie des intérêts extérieurs et régionaux, et prend en considération l'intérêt national intérieur». C'est un appel de raison. Et Michel Sleiman a eu raison de le lancer. Sans une approche «nationale», les Libanais risquent en effet de perdre leur bien le plus précieux : la paix civile.
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Posté Le : 27/08/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com