Algérie

Pax américana (VI)



Pax américana (VI)
Pour sa part, Saint-Augustin, l'un des pères de l'Eglise, (354-430) ne dit pas autre chose quand il s'insurge contre ceux qui pensent que, du fait qu'elle a duré longtemps, la civilisation romaine était nécessairement grande.Il écrit dans La cité de Dieu :«Voyons donc maintenant ce que vaut la prétention des païens qui ont l'audace d'attribuer à leurs dieux l'étendue si grande et la durée si longue de l'empire romain, en affirmant même s'être honnêtement conduits en honorant ces dieux par hommage de jeux infâmes, représentés par d'infâmes comédiens. Mais je voudrais d'abord, brièvement, examiner une question : Quelle raison, quelle sagesse y a-t-il à vouloir se glorifier de l'étendue et de la grandeur de l'empire romain, alors qu'on ne peut démontrer que les hommes soient heureux en vivant dans les horreurs de la guerre, en versant le sang de leurs concitoyens ou celui des ennemis, sang humain toujours, et sous le coup de sombres terreurs et de sauvages passions ' (...) Pour en juger plus aisément, gardons-nous de nous laisser jouer par une vaine jactance; ne laissons pas la pointe de notre esprit s'émousser au choc des mots sonores : peuples, royaumes, provinces.» Saint-Augustin, «La Cité de Dieu», Desclée de Brouwer, 1960, Paris. Pour bien saisir le «tournant impérial» fondamental de la civilisation romaine, qui se produit bien avant l'arrivée officielle de «l'Empire», rappelons d'abord que Rome est, dès sa fondation, un centre colonial, sur le modèle perse, subjuguant et protégeant militairement des territoires et des satrapes, sans pour autant fonder de pays ni de nation. On pourrait dire qu'elle créa non pas un, mais de multiples protectorats, dirigés par un quarteron d'oligarques vivant dans un luna-parc, un vaste parc d'attraction du nom de Rome. Cela dit et après tout, pour chuter, il faut d'abord monter ! Ainsi, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis sont le leader incontesté du monde capitaliste. Aiguillonnée par la menace soviétique, la Pax americana a favorisé le rattrapage des économies européennes et du Japon. C'est un monde bouleversé qui émerge de la Seconde Guerre mondiale. Naguère maître du monde, les vieilles puissances européennes se sont abîmées dans l'affrontement le plus meurtrier qu'ait connu l'humanité. La guerre a sanctionné la suprématie incontestable des Etats-Unis, qui présidera désormais aux destinées du «monde libre». C'est le point de départ de la Pax americana. Le nouveau leader fait face à un géant de puissance égale, l'Union soviétique, l'autre grand vainqueur de la guerre. Suite aux accords de Yalta (1945), ce rival se trouve à la tête d'un bloc socialiste qui comprend l'Europe orientale, et bientôt, à partir de 1949, la République populaire de Chine, le pays le plus peuplé au monde. Le capitalisme est désormais en concurrence avec un autre système économique. Certains ont pu voir en la Pax Americana un moyen pour les Etats-Unis d'asseoir leur suprématie, d'autant que de nombreuses interventions militaires ont été menées au nom de ce principe. «L'hégémonie impériale des Etats-Unis devient un élément d'instabilité planétaire». La Pax Americana se transforme en ordre militaire et sécuritaire au profit de sa propre puissance. ? (Pour un autre monde; Un autre chemin, motion pour le congrès socialiste de Dijon du 16 au 18 mai 2003) (Suite et fin)




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