Algérie

Pax américana (III)



Pax américana (III)
Evidemment, en conclusion de l'argumentaire, on constate amèrement qu'en temps de paix, hélas, l'opinion publique aura certaines réticences à souscrire à de tels programmes et à accepter de supporter le fardeau budgétaire qu'ils impliquent.On y affirme (page 51) que tout cela prendra énormément de temps, «sauf s'il se produit un évènement catastrophique et catalyseur, du type nouvel Pearl Harbour». Rappelons ici qu'Henry Kissinger, entre autres, avait immédiatement employé le terme «Pearl Harbour» pour caractériser les attentats du 11 septembre. Il est donc clair que l'enjeu de la guerre en Irak dépasse largement la question du contrôle des hydrocarbures, mais implique la mise en place d'un gouvernement mondial, une «Pax Americana». Justement, le 5 janvier 2003, le «New York Times» a publié un article retentissant intitulé «The Burden» (le fardeau), écrit par un certain Michael Ignatieff, à l'instar de l'article de Rudyard Kipling, «le fardeau de l'homme blanc». Ignatieff est un anglo-canadien d'origine russe qui vit en Angleterre, petit-fils du fondateur de l'Okhrana (services secrets du Tsar) et professeur dans de multiples écoles de l'élite anglo-américaine, telle que le St-Anthony College de Londres, le King's College de Cambridge, l'inévitable Harvard, aux Etats-Unis, et même l'Ecole des Hautes Etudes de Paris. Ce jeune professeur, véritable sommité de l'establishment anglo-américain, est un peu le porte-parole d'une faction des élites en place. Dans ce contexte, on se rappellera certainement le premier supplément du «Monde» reprenant certains articles du «New York Times», dont l'un relatait les prises de positions des intellectuels anglo-américains au sujet de «cet empire qui vient». Ignatief n'est donc pas le premier à s'interroger sur les avantages et les risques posés à une République (les Etats-Unis) qui accepte ou décide de devenir un empire (anglo-américain). Citant un historien anglais qui affirme que si l'Angleterre a acquis un empire, ce fut sûrement «in a fit of absence of mind» (sur un coup de tête), Ignatieff écrit : «Bien que les Américains possèdent un empire, ils l'ont acquis tout en niant son existence. Mais le 11 septembre fut un réveil, un moment de prise de conscience de l'ampleur de la puissance américaine et des haines vengeresses qu'elle suscite. Peut-être les Américains n'ont-ils jamais vu les Tours du World Trade Center ou le Pentagone comme symboles d'un empire mondial, mais les pirates de l'air avec leurs cutters les ont certainement perçus comme tels, ainsi que les millions de personnes qui ont applaudi leurs actes». Cessons donc de nous voiler la face, poursuit-il, car quel «autre mot que celui d'empire peut décrire l'objet formidable que l'Amérique est en train de devenir ' C'est la seule nation qui gendarme le monde à travers cinq commandements militaires globaux, qui maintient plus d'un million d'hommes et de femmes en armes sur quatre continents, déploie des groupes de combat sur porte-avions pour surveiller chaque océan, garantit la survie de pays tels qu'Israël et la Corée du Sud, fait tourner la roue du commerce et des échanges mondiaux et emplit le c?ur et l'esprit de la planète entière de ses rêves et désirs». (A suivre)




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