Algérie

Patrouille en mer à bord de la corvette Salah Raïs, un bâtiment anti-missiles de la marine nationale



Le secours en mer, l’autre mission des forces navales Dimanche 26 novembre 2006. 18 heures (GMT+1).Le bâtiment des forces navales, l’unité 802 de la marine nationale, stationnée à la base de Mers El kébir, se prépare à l’appareillage pour une mission de patrouille spéciale, celle du sauvetage d’hommes en mer. Une mission d’appoint qui entre dans le cadre de la lutte contre l’émigration clandestine, une opération qui prend l’aspect d’une «chasse-poursuite» contre d’éventuels «harraga», au large des côtes algériennes. Ce phénomène a connu une progression fulgurante en l’espace de quelques semaines seulement, particulièrement dans la région des Corales, une zone située sur le littoral oranais, connue des passeurs pour sa proximité avec Alméria dont elle n’est distante que d’environ 200 km. Un drame social qui continue d’alourdir la longue liste des malheureux candidats à l’émigration clandestine, décédés lors de leurs tentatives. Une situation qui suscite l’indignation lorsqu’on constate que ce fléau, encore impensable il y a quelques années en Algérie, continue de faire des victimes parmi ces candidats à un embarquement clandestin. Le bilan est plutôt effroyable, 42 cadavres ont été repêchés en mer de janvier à fin octobre 2006, et 4 corps seulement ont pu être identifiés, sans parler des disparus dont le nombre avoisine la trentaine. Des candidats qui cèdent malheureusement au romantisme d’un rêve qui conduit souvent au deuil. Un rêve et des espoirs qui finissent malheureusement en pleine mer, mais grâce aux interventions effectuées par les unités des forces navales et appuyées par les garde-côtes, 388 vies humaines dont 373 de nationalité algérienne, ont pu être sauvées cette année. Ces unités ont fait du devoir d’assistance et de secours aux vies humaines, leur sacerdoce, et leur dévouement s’est soldé par le nombre important de ressortissants étrangers sauvés. En plus d’une obligation d’assistance aux personnes en détresse en mer, souligne un officier de la marine nationale, nous en faisons un devoir. Mieux encore, indique t-il, dans ce cadre, l’Algérie est signataire de nombreux traités notamment les conventions de SOLA( 1960-74), de Hambourg (1974-1982), et enfin d’autres conventions internationales ratifiées comme celle portant sur l’assistance et le sauvetage en mer INMARSAT. Direction cap ouest Encore quelques minutes d’attente et la corvette, avec à son bord un équipage de 71 éléments de la marine nationale, franchira la passe. Le Commandant de bord, D.Antar qui nous souhaite la bienvenue à bord du «Salah Raïs», nous informe que son unité navigue dans le golfe d’Oran, direction Cap Ouest, à destination des frontières ouest, plus exactement vers Marsat Ben m’hidi, port de pêche situé pratiquement à l’extrême ouest des eaux territoriales nationales. Dans ce genre d’expédition, la météo est précieuse. La girouette donne les premières indications : vent nord ouest- Force 2- 15 à 20 nœuds. La mer s’annonce plutôt calme, peu agitée localement, même si le navire commence à tanguer. Situation pas toujours confortable pour des personnes peu habituées aux bruits des moteurs et au mal de ...mer. Les minutes s’égrènent, la patrouille poursuit sa randonnée dans les eaux territoriales et la mission devient pour nous, de plus en plus intéressante. Pendant que nous discutions dans les cabines, l’équipage effectue quelques entraînements de combat. La navigation se fait ... dans des eaux étroites et nous naviguons à 6 à 8 miles nautiques, environ 12 à 15 km des côtes, nous dit-on. Nous ressentons le bruit des moteurs comme les battements d’un cœur. Aussitôt, une question nous traverse l’esprit et nous nous demandons comment ces gens peuvent-ils vivre dans cette exiguïté. C’est sans doute leur métier, mais un métier qui demande assurément une grande aptitude physique et mentale. Imaginons ces apprentis «aventuriers» tentant de traverser cette immensité, accroupis, tassés comme des sardines dans une boîte de conserve, à bord d’une embarcation de fortune. Une embarcation si petite au milieu de la mer que parfois même les radars ne peuvent détecter. Les minutes passent sans que les éléments de la marine nationale n’interceptent le moindre petit bateau. Un moment de bonheur sans doute pour cet équipage qui assure «la veille» à l’aide de radars. Les hommes de veille sont toujours à leur poste avec leurs jumelles pour essayer de détecter ou déceler tout indice permettant de découvrir une situation anormale susceptible de mettre en danger des vies humaines. Il faut dire que la surveillance est constante et que le moindre mouvement suspect est détecté. RAS. La situation est calme. A zéro heure 40 minutes, un membre de l’équipage suspecte une cible, côté tribord. Il s’agit simplement d’une unité des garde-côtes en patrouille. La patrouille continue sa mission et le temps passe. Il est déjà 1 heure 26 minutes du matin, nous montons sur la passerelle pour prendre un bol d’air frais, à mi-chemin entre Ghazaouet et Béni-Saf. Nous sommes à 35°27 au parallèle, au Nord. Sur l’écran radar, on pouvait lire. Méridionale zéro degré 01-Ouest. La patrouille nous signale encore une fois que tout est calme, RAS. Pourtant, à cette heure là, on doit s’attendre à un mouvement de bateaux, notamment les chalutiers qui ratissent ces eaux en direction des bancs des Calidades, un haut fond marin, riche en ressources halieutiques, particulièrement la crevette royale, à quelques 25 miles au nord de Ghazaouet. Le devoir est méritoire pour ces gens téméraires, qui vivent dans cet univers comme un poisson dans l’eau, et qui, il faut le souligner, est loin d’être celui de la terre ferme. «Nous ne faisons que notre métier», souligne un matelot qui reconnaît qu’il faut avoir une aptitude spéciale, un bon physique et un bon mental. Un matelot qui se remémore cette nuit mémorable, au lendemain de la visite de Bouteflika à Ghazaouet, dans un bâtiment similaire, où il a secouru plusieurs jeunes marocains. Le témoignage d’un autre membre de l’équipage est tout aussi bouleversant pour avoir vécu des situations pénibles où il s’agissait de sauver des personnes en péril. Il est presque huit heures du matin, et on arrive à bon port à la base de Mers El Lébir. Demain, une autre sortie nous attend. Nous y reviendrons plus en détails dans nos prochaines éditions... ( A suivre ...)




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