Algérie

Patriotisme et paranoïa Point Net



Sérieux et pertinent comme d'habitude, Pascal Boniface disait à peu près ceci avant-hier sur un plateau télé : les Britanniques, les Américains et à un degré moindre les Japonais peuvent toujours manifester leur mécontentement sur la façon dont l'assaut a été lancé par l'armée algérienne contre les preneurs d'otages, ils sont quand même' contents parce qu'ils savent qu'il n'y avait pas autre chose à faire dans de pareilles situations.
Mieux, c'est ce qu'ils auraient fait eux-mêmes. Et de donner les exemples analogues où services britanniques, américains et français ne se sont pas encombrés d'états d'âme, y compris dans des opérations encore plus périlleuses pour la vie des otages que dans le cas d'In Amenas.
A un degré moindre, les Japonais, parce qu'ils n'ont pas été confrontés en tant qu'Etat à ce genre de situation et on ne leur connaît pas le moindre engagement dans la lutte contre le terrorisme international.
Pascal Boniface explique que les réactions britannique, japonaise et américaine, pour désobligeantes qu'elles soient pour les autorités algériennes, sont d'abord destinées à une consommation interne.
Ils s'attendent logiquement à ce qu'il y ait des victimes parmi leurs ressortissants et préparent leur opinion publique en conséquence, parce que dans une démocratie, il faut toujours rendre des comptes quand il y a mort d'homme.
Y compris quand il s'agit de militaires qui, de par la nature de leur mission, sont toujours confrontés au danger sur leur vie. Parce que dans l'affaire, l'embarras était visible : l'assaut contre les preneurs d'otages était guidé par un principe : on ne négocie pas avec les terroristes et personne parmi les pays comptant des ressortissants otages ne pouvait soutenir le contraire.
D'abord parce que ces pays ne croient pas aux vertus et à l'efficacité du dialogue avec les terroristes d'une manière générale. Ensuite, parce que dans le cas précis d'In Amenas, ils savent trop bien la nature de l'opération et ses objectifs pour croire à une autre issue que l'intervention, l'acceptation de la demande des ravisseurs étant consensuellement exclue. Une fois le principe intégré donc, le reste devient une affaire technique.
Ici comme ailleurs, les «experts» militaires et autres professionnels de ce genre d'opérations peuvent discuter du savoir-faire des forces d'intervention algériennes et de poser la question si l'assaut pouvait être plus efficace et moins coûteux en s'y prenant autrement.
C'est en intégrant tout cela qu'on mesure la' démesure de beaucoup parmi les réactions internes aux déclarations des responsables britanniques, américains et japonais. Des réactions dont on saisit la démesure d'autant plus que certaines voix «souverainistes» ont été moins audibles sur l'essentiel : la condamnation franche de l'attaque terroriste et sa déclinaison en des termes qui rendent sa véritable nature.
Quand on entend des dirigeants politiques ergoter bien plus sur le refus de la ' paranoïaque ' ingérence étrangère que sur l'odieuse attaque terroriste elle-même, on comprend pourquoi il faut de la mesure face aux réactions étrangères en question.
Surtout que ces derniers ont, eux, fermement condamné l'attaque avant de passer à autre chose. Reste les élans patriotiques d'émanation populaire. Parfois maladroits mais toujours sincères, et le pays en a besoin en ces temps de désamour.


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