Algérie

Patrimonial : La face cachée de Kaïs



Entre Roméo et Juliette, Kaïs et Leïla  existe un lien séculaire sans frontières qui détermine l'universalité de l'histoire des peuples. La première parodie reflète un immense engagement intellectuel de l'auteur, pour s'approprier la culture et l'histoire du monde arabe et musulman et par delà, comprendre sa relation avec le monde occidental. Les poèmes consacrés à  Juliette sont sertis d'une narration et d'une analyse sociologique et historique, relatant un romantisme fort que Shakespeare récupérera dans un orientalisme marqué par cette culture Islamo-Chrétienne. Sous d'autres cieux marqués par l'éloquence du verbe et la richesse prosaïque qui sied aux grand seigneurs du désert, il y a bien sûr «Majoun Leïla», cette très frappante similitude conduit tout droit à  la romance des Bani Hilal et le fameux conte de Djazia. Dans Roméo et Juliette, il y a cette dimension théâtrale qui met en scène, l'art Shakespearien. Ce qui viendrait à  manquer à  l'œuvre d'Abi Sofiane El Halali, c'est la transposition des faits dans leur contexte de l'époque marquée par le déclin andalou. L'histoire nous indique que c'est sous le règne du fils du Sultan Kamkoum, dont la fille n'est autre que Djazia, que naquit cette histoire d'amour. Cette petite princesse était amoureuse de son cousin Habob. Dans son poème, El Ouardi fixe l'épopée de Bani Hilal dans la même ascension du roman oriental, qui inspira les croisées après leur défaite devant Jérusalem. Djazia avait alors 23 ans, nous dit-il. Elle serait née dans la tribu des Absi, qui créérent l'histoire épique d'Antar et Abla. Dans cette profondeur romanesque, on retrouve tous les ingrédients d'une culture païenne qui à  fait naître les plus beaux romans. Imr- Oul-Kaïs – Chanfara – Elkama – Tharafa  et enfin Zoheïr Ibn Abi Salma- Toute cette magnifique brochette de poètes a fait le lit d'une magnifique fresque où la description des coursiers et les attraits de la femme sont mis en valeur. L'histoire de Djazia fut et reste encore une énigme. Le poème ne nous révèle rien, sinon qu'elle fut éprise d'un beau cavalier et qu'ensuite entre deux haltes, elle succombât par chagrin, sur le chemin d'un long exil. La vérité, bien sûr, on ne la saura jamais. L'auteur El Ouardia eut recours trois jours après la mort de sa bien aimée aux services du poète, pour écrire un poème à  la mémoire de son amour perdu. Quoiqu'il en soit, le poème est là pour témoigner de cet amour fou qu'avait porté un jeune homme à  une jeune femme qui valait à  ses yeux, tout ce qu'il y avait de plus précieux en ce monde et que le poète a chanté avec les paroles du bédouin, langue pure du vécu, langue vivante de tous les jours.


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