Algérie

Patrimonial : «El haraz» revient cette semaine



«El Harraz Aouicha» est une qasida. Cette dernière est un des textes de la littérature populaire majeure dans le Maghreb (sous le nom de «Ouicha wel harraz»). Le texte est attribué à  Moulay Ali El-Baghdadi, qui l'aurait composé en 1785. Cette œuvre continue de susciter un immense engouement chez les poètes et les amateurs de melhoun, aussi bien au Maroc qu'en Algérie. Dans ce contexte, «Ouicha» va impulser énormément de vocations, libérant le génie créateur des poètes maghrebins et produisant à  cette époque des œuvres importantes au point où tout le Maghreb voulut goûter à  la poésie de grande qualité des poètes comme Sidi Kaddour El Alami, M'hamed En-Nejjar, Benali Cherif (auteur de Echamaâ), Mohamed Benslimane (qui fut l'élève de Benali Cherif), Thami Lamdaghri, El-Mernissi, El-Gherabli et enfin Ali El-Baghdadi. «El Harraz» puise donc ses sources du  XVIIIe siècle. Cette œuvre exprime un lyrisme incomparable et très exploité dans le malhoun. Ce long poème a été enregistré une seule fois dans son intégralité par feu Haj Houcine Toulali, qui s'est distingué durant toute sa vie dans cet art poético-musical. Bon nombre de chercheurs de la poésie et du malhoun considèrent, d'ailleurs, que cette forme de poésie en zajal est l'initiateur des chants troubadours. Aujourd'hui, cette magnifique fresque romanesque  fait l'unanimité autour de son authenticité régionale. Le mot «harraz» signifie encore de nos jours en dialecte «cacher à  la vue des gens ce que tu aimes». Il est coutumier de dire, lors d'un sortilège (el aïn), il faut un harraz un ou talisman... Il s'agit d'une œuvre à  la fois lyrique et satirique, héritière du zajal arabo-andalou dont la finesse révèle un art consommé de la comédie. Le manuscrit a attiré l'attention de grands auteurs orientalistes comme Emile Dermenghem qui classe El Harraz dans la liste des «plus beaux textes arabes». El Harraz met en scène un soupirant malicieux, fin et humain à  la fois, et sa dulcinée : El Harraz (cerbère) cupide et infatigable empêche Yacout de rejoindre son bien-aimé Saïd. Bravant les interdits sous divers accoutrements, l'amoureux transi déploie des trésors d'ingéniosité pour déjouer la vigilance d'El Harraz. La pièce se termine par la révélation classique du melhoun et chaâbi : «Mon nom est célèbre ; la première lettre a pour chiffre 70 et la dernière 30.» Dans le mystère des chiffres Abadji, 70 et 30 signifient «Ali». C'est en ces termes que se termine la qacida, codée par un jeu de mots désignant Ali El Baghdadi comme l'auteur incontesté de cet œuvre En Algérie, El Hachemi Guerrouabi et Amar Ezzahi ont extrait l'essentiel du poème pour l'adapter aux attentes du public algérien. El Harraz est également le nom d'une pièce de théâtre écrite par Fouazia Aït El Hadj et elle reflète superbement une comédie musicale dans un style contemporain du haouzi algérien.




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