Algérie

Patrimonial : Duel lyrique maghrébin



Dans les murs de Tlemcen, les échos d'un patrimoine culturel maghrébin s'enchevêtrent dans une extraordinaire symbiose. La remontée dans le temps de ce vaste espace nous plonge dans le mode musical aâroubi, puisé dans les tréfonds de la société maghrébine dualiste Fes-Tlemcen. Les précurseurs de ce mode musical sont rebelles à  leur façon de changer les mœurs de leur société. Contraints de combattre les maux sociaux, la dégradation morale et l'occupation, ils se sont érigés en défenseurs des arts et des libertés individuelles, tout en refusant de céder à  l'abandon. Parmi le preux chevalier de ce lyrisme, Abdelaziz El Maghraou s'est vite adapté aux complaintes quotidiennes du souk, pour ensuite mettre en valeur les attentes de la population  Sa grande taille, son savoir et sa piété lui valurent le titre de seigneur des poètes. Il a laissé derrière lui un grand diwan, il est l'auteur de la populaire «Ma ychali». Dans ces grandes envolées lyriques, la rivalité existait entre plusieurs écoles, celle de Maître Kaddour El Alami, dite «la maison de Meknes» qui a connu un essor considérable avec El Hadj El Baqali, auteur du chant érotico-mystique très caractéristique chanté par les 23 maîtres de la poésie et de l'amour (mystique) invoqué par Maghraoui, Benkhlouf Ben Msayeb. L'un des plus grands noms du melhoun, poète moraliste et mystique, auteur de la fameuse complainte «El Meknassia, Taouassoul» régna sur une grande partie de ce patrimoine, pour enfin laisser place au frondeur et rebelle Ben Ali Cherif Oul Rzine, auteur de Zenouba. Dans la lignée de cette grande ascension culturelle, le tout jeune Ben Slimane, disparu à  l'âge de 33 ans, étonna la cour et offensa même ses mentors, en les quittant pour vaquer à  sa guise dans les pamphlets. Dans Mersoul Fatma Ya nassi et Zine El Fassi, il brisa les tabous d'un puritanisme et met la reine Khnata dans la gêne, ce qui lui a valu les foudres du sultan. Vint ensuite El Bourachidi Belqacem, auteur de la populaire «Hadjou Lefkar». Le début d'un autre genre musical dit El goubahi avec Cheikh El Masmoudi sonna le glas pour El Maghraoui. C'est finalement à  cheikh Sidi Mohamed Ben Abderrahmane, auteur d'El Batoul et Ghader Kass Rah que revient le titre de prince poète. Dans cette très grande compétition culturelle, naquit un autre genre avec Soussi Mbarek, auteur de chansons érotiques très en vogue telles Youm El Djemaâ Khardjou Ryam. Cette grande effervescence de jeunes poètes maghrébin avait donné le ton à  un nouveau type de chant chaâbi ou melhoun. Leur empreinte dans la confection des qasidas romantico-mystiques a donné lieu à  un très vaste répertoire qui n'est pas près de tarir avec leur disparition.


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