Algérie

Patrimoine, solidarité et spiritualité



Patrimoine, solidarité et spiritualité
Tenu habituellement le premier jeudi du mois de juillet, l'évènement a été différé, pour la deuxième année consécutive, en raison de sa coïncidence avec le mois sacré de Ramadhan. La Ziara de Tazrouk est une fête ancrée dans les traditions des Touaregs, les habitants du Hoggar en général. Elle a le mérite de réunir les Touaregs du Hoggar et les Chorfas d'Adrar dans une ambiance chaleureuse, conviviale et spirituelle pour célébrer et évoquer la mémoire et les multiples mérites de Moulay Abdellah Reggani. Se joignent à ces deux communautés, tous les habitants de la région et d'autres wilayas du pays. Tout était fin prêt jeudi matin pour entamer la grande fête. Les établissements publics et les commerces sont fermés. Et malgré un ciel nuageux et un temps brumeux, des milliers de personnes ont pris la route pour faire la fête. Les derniers visiteurs arrivent, ce jour-là, avant 16 h. Certains ont loué des bus. Près de l'oued longeant la longue route qui mène vers la localité, les visiteurs s'arrêtent pour se balader et profiter de la fraîcheur des lieux. De Teberbert (7 km de Tazrok) en passant par Tabarkatine (3 km), on aperçoit les tentes dressées par les visiteurs venus, depuis lundi dernier, de plusieurs wilayas du pays et d'ailleurs. Ils profitent de la fraîcheur des lieux situés à 2.000 m d'altitude. Après la sieste, tout le monde se met sur son trente et un et prend la route vers l'oued de Tazrok pour entamer les festivités. Hommes, femmes, et enfants portent des tenues achetées spécialement pour l'occasion. Coiffure, henné sur les mains et les pieds et maquillage des grandes occasions font ressortir la beauté légendaire des femmes touaregs. « Aujourd'hui, c'est un jour de fête pour nous. On se met en valeur et on est heureux », sourit Ifnane, une jeune lycéenne. A 18 h, toutes les issues menant vers l'oued sont fermées. Les automobilistes n'avaient d'autre choix que de traverser le lit de l'oued afin d'arriver sur le lieu de la première cérémonie marquant le début des réjouissances. Tant pis pour les risques d'ensablement. De toute manière, il y a toujours des âmes généreuses pour prêter assistance en cas de problème. Des familles, des groupes de jeunes sont installés le long du lit de l'oued, transformé en une véritable scène de spectacle. Ce moment constitue un lieu de retrouvailles et de nouvelles rencontres. Si les moins jeunes rencontrent des amis, des proches qu'ils n'ont pas vu depuis la dernière ziara, les jeunes saisissent l'occasion pour se faire de nouvelles connaissances, échanger adresses et numéros de téléphone. Beaucoup n'ont pas omis d'immortaliser ce moment à la fois important et inoubliable. L'arrivée des méharis a été le clou de la soirée. Les hommes bleus portés par des dromadaires ont effectué la célèbre course accompagnée des chants et des youyous des femmes. Un moment qui a charmé le public. Dans la soirée, la placette de Tazrouk s'est avérée trop exiguë pour contenir la foule nombreuse venue chanter et danser au rythme de la musique jusqu'au petit matin. La fête nocturne est dédiée aux hommes mais cela n'a pas empêché les femmes d'assister au spectacle.Réciter la fatiha et demander la baraka du CheikhLa matinée de vendredi a été particulièrement ensoleillée. Après les légères chutes de pluie de la veille, les nuages se sont dissipés laissant place à un soleil éclatant. Le rituel de la Ziara de Tazrouk est lancé dès les premières heures de la matinée. C'est la mission des hommes qui se dirigent dès 9 h au cimetière de la ville pour se recueillir sur la tombe de Moulay Abdellah Reggani. Un grand bloc peint en blanc situé au centre du cimetière surplombant les autres tombes est érigé pour ce saint. Une fois la Fatiha récitée, les hommes se dirigent à la mosquée pour écouter les prêches des imams et chouyoukhs venus d'Adrar. Entre temps, les femmes et les hommes se préparent pour aller sur les lieux des festivités qui débutent à la sortie de la mosquée. Après le petit déjeuner constitué essentiellement de thé et de soupe (h'sa) faite à base de blé moulu, tout le monde est dehors. Les troupes musicales de Touat venus d'Adrar ont ouvert le bal. Elles ont effectué une petite parade dans les ruelles étroites de la ville en louant Cheikh Moulay Abdelmalek. « Salou alih ya Achikine lil ou nhar... Bismillah ou salat ala El Hadi El Mokhtar », ont-elles entonné sous les rythmes de la darbouka, tbal et el mizmar. « Ya Halal El Bab, Y Kbir », ont-ils encore chanté, vantant les nombreuses qualités de l'homme. « Baghyine Z'hou, la ilaha illa Allah Lmout Kayna », ont-ils sous les retentissants coups de barouds. La demeure du défunt Cheikh Moulay Abdallah Erregania a été la destination favorite de nombreuses femmes. C'est là qu'elles ont l'occasion de rencontrer la deuxième femme du défunt, Lalla Moulati d'Adrar, et ses filles. Une salle a été aménagée pour la circonstance. Tout ce monde est également invité à partager le repas de midi que de nombreuses femmes se sont mises à préparer depuis l'aube. La fête a repris à 16 h avec l'entrée en lice des troupes du Hoggar et du Tassili, qui ont animé des spectacles en plein air.Un exemple d'hospitalitéLa Ziara de Tazrouk draine, chaque année, des centaines de personnes. Accompagnée de son mari, de sa s?ur et de ses filles, Yamina séjourne pendant trois à quatre jours chez une dame targuie de Tazrouk. Une chambre lui est cédée. « Je ne connaissais pas cette femme auparavant. C'est l'épouse d'un proche à mon mari. Je l'ai mieux connue et appréciée depuis que je viens à la ziara », nous dit Yamina, une habitante de Tamanrasset. Les habitants de Tazrouk sont aux petitx soins avec leurs invités. « Des familles se ressemblent dans une seule maison pour céder l'espace aux invités alors que d'autres préfèrent leur consacrer des chambres », précise une habitante de la ville. Les habitants sont également tenus de refaire le sol de leurs maisons et de le décorer de tapis nouveaux. Le ravitaillement fait également partie des préparatifs. Après avoir cotisé, les habitants achètent les produits alimentaires en quantités suffisantes et se partagent la préparation des repas. « Le plus important pour nous est d'avoir des invités et de les satisfaire », souligne une autre dame.




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